L’évaluation des enseignants

vendredi 27 janvier 2012
par  PAS 38
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Evaluation des enseignants, promotions : l’avis du PAS 38 UDAS

Le PAS 38 UDAS condamne fermement les projets du ministère sur l’évaluation des enseignants et sur les promotions.

Depuis l’apparition du pacte de carrière, les projets du ministère sont cohérents. Il s’agit d’introduire les pires techniques de management des entreprises privées productivistes dans l’Education Nationale. Un entretien avec le supérieur hiérarchique (qui pourrait être un jour le chef d’établissement du premier degré) pour analyser « les résultats des élèves » constitue le cœur du projet du ministre. Il s’agit de diminuer encore la valeur de la pédagogie pour augmenter celle de la performance chiffrée, la course aux résultats, et renforcer le poids de la hiérarchie, de l’autoritarisme et de l’arbitraire. Il s’agit également de créer un climat d’individualisme dans le métier, chacun étant censé être le plus « performant » possible, les comparaisons de « résultats » créant une malsaine compétition et la marginalisation, voire l’exclusion des enseignants critiques. Le pilotage des enseignants pour améliorer les scores aux évaluations nationales ou aux futurs livrets personnels de compétences détourne de l’éducation et de la pédagogie. Le temps consacré aux évaluations imposées et au fichage des résultats (ne respectant pas le droit mais c’est un autre sujet) manque cruellement aux véritables projets éducatifs et sape la conception artisanale du métier, qui en fait la force et l’intérêt. Les progrès des élèves ne peuvent se réduire à des chiffres. La compétition n’a pas sa place dans l’éducation.

Pour autant l’inspection actuelle ne nous satisfait pas. La visite en classe ne devrait pas être liée à une note ni à une progression de carrière. La notation, infantilisante, arbitraire, carotte ou bâton, empêche une réflexion approfondie et sincère sur les pratiques professionnelles et d’abord pédagogiques. Les enseignants ont besoin de conseils et d’ouverture, dans un esprit de recherche collective, mais ni d’une note, ni d’une norme. Le visiteur devrait s’appuyer sur les qualités de l’enseignant pour le valoriser et l’inciter à aller plus loin dans la recherche ; trop souvent il souligne ses manques et l’invite à se rapprocher de normes rigides voire inhibitrices.
Le visiteur devrait d’abord s’intéresser à l’école et à ses véritables projets (et pas à la normalisation du projet d’école) pour que sa visite profite à toute l’équipe pédagogique et crée une dynamique collective.
Les grilles de notation et les fourchettes de note par échelons constituent à eux seuls une science du ridicule.

Mais le projet d’entretien sur les « résultats » avec à la clé le salaire au mérite, c’est encore pire !

L’approche de la question des promotions devrait se faire sans tabous. Choix, mi-choix, ancienneté : on retrouve l’infantilisation, la carotte et le bâton, l’arbitraire, avec à la clé la docilité ou le contournement pour ne pas sacrifier son plan de carrière.
Mais allons plus loin : qu’est-ce qui justifie des différences de salaire entre collègues exerçant le même métier ? Le système des échelons, avec une progression des salaires plus ou moins liée à l’ancienneté, va-t-il de soi ? L’apparition de primes n’est-elle pas faite pour nous habituer à l’individualisation des salaires, avant la concrétisation du salaire au mérite, au cœur du projet ministériel ? Des décharges en temps ne devraient-elles pas être préférées aux primes quelles qu’elles soient, avec le même salaire pour tous ?
Ralentir les progressions d’un échelon à l’autre est lié à l’augmentation de la durée de la carrière (recul de l’âge de la retraite) : « vous allez devoir travailler plus longtemps et il ne faut pas que ça nous coûte plus cher … »
Pourtant les enseignants français sont parmi les plus mal payés en Europe et il y a fort à parier
que le projet du ministre ne corrige pas cette situation puisque les salaires des enseignants vont diminuer.

S’opposer au projet de Luc Chatel sur l’évaluation des enseignants et sur leurs promotions doit-il passer par une grève d’un jour, qui plus est à la veille des vacances ?
Le PAS 38 UDAS ne s’associe pas à cette démarche, qui risque d’être mal comprise par les parents d’élèves, et dont se moque le gouvernement.

Par contre le PAS 38 UDAS demande aux enseignants de s’associer à la réflexion sur l’évaluation et la promotion des enseignants.
Il faut s’opposer fermement au projet ministériel, fait pour tuer un peu plus la pédagogie, pour éclater la solidarité de la profession, et renforcer l’autoritarisme et l’arbitraire.
Mais il faut aussi sortir des pratiques moyenâgeuses de l’inspection et des promotions actuelles !
L’enjeu pourrait être de passer du statut d’enseignant exécutant infantilisé et docile à celui de chercheur responsable, défendant la pédagogie par projets coopératifs et pas la transmission verticale de savoirs fragmentés.
Ce renversement de cap dépend de nous tous !

Le PAS 38 UDAS


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