Evaluations nationales : boycott !
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L’UDAS APPELLE AU BOYCOTT DES EVALUATIONS NATIONALES
L’UDAS n’a rien contre l’évaluation si elle est un outil au service de la pédagogie.
Une évaluation ou mieux une auto-évaluation formative pour donner des repères aux élèves, si possible de manière continue, observant la maîtrise des concepts et non l’application mécanique de règles (mieux vaut réussir par une démarche empirique « maladroite » qu’utiliser prématurément une technique sans la comprendre), avec des situations de transfert, mais avec les conditions habituelles de travail de la classe ; ou une évaluation sous forme de brevets, par exemple, validant un cycle d’activités.
Des outils d’évaluation qui peuvent permettre aux enseignants d’analyser finement les difficultés des élèves, diagnostic exclusivement formatif.
En gardant comme missions principales de l’école la maîtrise de langages, l’ouverture d’esprit et la soif de savoirs, le vivre ensemble. En visant l’épanouissement et émancipation de l’enfant dans sa globalité par le goût de l’effort, le développement de l’imaginaire, le respect des rythmes individuels de vie, les projets coopératifs et le progrès de tous.
L’UDAS n’a rien contre le principe d’évaluations nationales et internationales des systèmes éducatifs, s’appuyant sur des échantillons.
Or les évaluations nationales tournent radicalement le dos à ces objectifs.
Le caractère obligatoire pour tous et tous les ans ne se justifie pas et fait perdre un temps considérable aux élèves, aux enseignants et à l’administration, tout en les détournant des missions d’apprentissage.
Le volume, le calendrier et les conditions de passation des situations proposées en font un dispositif artificiel et anxiogène pour tous, enfants, enseignants, parents.
Les contenus élitistes, non progressifs, normatifs et centrés presque exclusivement sur des techniques de la langue française et de calcul (pas d’oral, pas de transversalité, pas de recherche, pas de coopération, pas de créativité, pas de communication, pas de méthodologie, mais appliquer des règles uniquement en situation d’exécution d’exercices strictement individuels), donnent une vision très restreinte des possibilités des enfants, empêchent une analyse fine des difficultés (ceux qui en ont échouent largement), dénaturent l’enseignement, dans l’esprit des programmes rétrogrades de 2008. On mesure en fait l’adaptation des élèves à ces contenus et aux conditions inadaptés des évaluations.
Le codage des résultats, dans le cadre des normes européennes d’évaluation, caricature, stigmatise, sanctionne, sélectionne, et n’apporte aucun élément d’analyse aux enseignants (on sait à l’avance que les élèves faibles ou en difficulté échoueront).
La transmission provisoirement anonyme des résultats individuels à l’administration et l’objectif d’inscription de ces résultats dans les livrets électroniques font de l’évaluation un élément clé : du fichage généralisé, via Base Élèves, du tri précoce des élèves, en vue d’alimenter l’aide personnalisée et les stages de remise à niveau, du déterminisme et de la traçabilité, de la sélection numérique (orientation, embauches). Une éducation déshumanisée et un contrôle de la population avec interconnexions multiples.
La même transmission conforte l’administration dans le pilotage généralisé du travail des enseignants, par une méthode digne des planifications totalitaires, très hiérarchisée, autoritaires et ignorant le travail du terrain, pour un enseignement vertical de savoirs techniques, au détriment de la pédagogie, des projets vivants et des équipes pédagogiques. Ce pilotage méprise les enfants et empêche les apprentissages dans la durée, respectueux des rythmes individuels. Il nuit à la sérénité et à la solidité du travail en classe. Il aboutit à un cloisonnement des apprentissages au détriment de la transversalité, du sens et de l’épanouissement. Il fragmente les équipes pédagogiques. Il s’agit en fait d’une secondarisation du primaire.
Le tout est un outil au service de la LOLF, Loi Organique des Lois de Finance, et de la RGPP, Révision Générale des Politiques Publiques, qui aboutissent à faire du chiffre, de la performance, de la compétition, vers un classement des écoles en fonction des résultats aux évaluations, à rationnaliser les dépenses publiques, à diminuer le nombre d’enseignants, à remplacer le pédagogue par un instructeur aux outils informatiques performants, à individualiser les parcours des enseignants pour diviser (primes des évaluations, salaires au mérite en fonction des « taux de réussite », mouvement des enseignants qui échappe au contrôle des délégués du personnel, multiplication des postes à profil pour améliorer les résultats des évaluations en attendant les embauches par les CA des EPEP (Etablissements Publics d’Enseignement Primaire, avec chefs d’établissement), à précariser les personnels (embauche de contractuels, destruction des statuts de fonctionnaire), à supprimer le paritarisme et le syndicalisme de lutte.
Ces évaluations nationales et ce pilotage des enseignants sont d’autant plus dangereux qu’ils s’accompagnent de la disparition progressive de la carte scolaire, de l’instauration de la semaine de quatre jours néfaste aux enfants et aux enseignants en terme de rythmes avec des journées longues sans respiration, de la disparition des IUFM et de la formation à la pédagogie et à la didactique, de la suppression des RASED et de la mise en œuvre de l’aide personnalisée et des stages de remise à niveau en dehors de la classe, stigmatisante et non respectueuse des rythmes.
L’an passé les syndicats d’IEN ont poussé des cris d’alarme et ont dénoncé notamment la mascarade des remontées des résultats et le climat répressif qui pèse sur le service public. C’est dire si l’heure est grave !
L’an passé l’UDAS et les syndicats départementaux qui la composent (PAS et SAIPER) avaient appelé à résister aux évaluations nationales sous différentes formes, de la non transmission des résultats au boycott en passant par des adaptations multiples.
Cette année nous pensons que le danger est plus fort, il est devenu plus visible après une année d’expérience. Nous pensons donc qu’il faut s’opposer frontalement à ces évaluations nationales.
Les demi-mesures ne durent qu’un temps et favorisent l’intégration dans le dispositif contesté en offrant des prises à l’administration.
Les remises à plat demandées par d’autres syndicats ne mangent pas de pain et ont peu de chances d’aboutir.
Seul le boycott suivi par le plus grand nombre d’écoles, collectivement, avec grève si nécessaire (la résistance aux évaluations nationales, c’est l’affaire de tous, et non des seuls enseignants de CE1 et de CM2), solidairement (des caisses de solidarité fonctionnent), fera reculer le ministère, fort de l’appui de parents d’élèves et de citoyens de plus en plus nombreux.