Le texte officiel
est lisible sur : http://ue.eu.int/uedocs/cmsUpload/cg00087-re02.fr04.pdf
Il s'intitule en réalité
: " Traité établissant une Constitution pour l'Europe
"
Ce dossier est bien
sûr à mettre en parallèle avec le dossier " la
directive Bolkestein " qui regroupe une série d'articles sur
cette directive souvent citée dans le débat sur la constitution
européenne.
Chaque article est
accessible par le sommaire automatique : il suffit de cliquer sur le titre.
Quelle belle lecture
d'ici le 29 mai !
MP
Sommaire
LECTURE D'ELECTEUR
RÉPONSES
AUX ÉLÉPHANTS QUI TROMPENT ÉNORMÉMENT
REJETER LE TRAITE CONSTITUTIONNEL, C'EST REFUSER L'ULTRALIBERALISME
SUPER MENTEUR " BATIT DES CHATEAUX EN ESPAGNE
L'EUROPE,
C'EST L'ABSENCE TOTALE DE DEMOCRATIE
L'EUROPE, C'EST TOUJOURS MOINS DE SOCIAL
L'EUROPE C'EST L'UNITE POLITIQUE A MINIMA SOUS LE
CONTROLE DES USA
EUROPE,
LA TRAHISON DES ELITES
LE
PARLEMENT EUROPEEN VOTE CONTRE LES HOPITAUX ET LE LOGEMENT SOCIAL
CONTRE
LA " CONSTITUTION " NOUS PROPOSONS UNE AUTRE EUROPE
I.
L'EUROPE CONTRE LE CHOMAGE
II- DES REGLES SOCIALES EUROPEENNES
III- DEFENDRE ET ETENDRE LES SERVICES PUBLICS
DIRE
"NON" AU TRAITE CONSTITUTIONNEL, POUR CONSTRUIRE L'EUROPE !
33
RAISONS DE VOTER ... OUI
DIX
BONNES RAISONS DE VOTER NON...
Dix
bonnes raisons, chacune suffisante, de voter NON
Mais on vous objectera ces dix arguments
FAITES
L'EFFORT DE VOUS INFORMER...
NON
AU PROJET DE TRAITE CONSTITUTIONNEL EUROPEEN.
la
question de la souveraineté populaire
Les droits et les devoirs du citoyen
Séparation des pouvoirs et contrôle
Le statut de Constitution
Publicité
Constitution ou programme politique ?
" Non au traité " contre "
Oui au traité "
Certains préconisent le " oui "
de combat.
POURQUOI
LE PROJET DE CONSTITUTION EUROPEENNE EST-IL UN PIEGE POUR LES FEMMES D'EUROPE
CENTRALE ET ORIENTALE ?
POURQUOI
JE NE VOTERAI PAS "NON" A LA CONSTITUTION
LE
OUI SOCIALISTE
POURQUOI
LES SOCIALISTES VOTENT OUI AU TRAITE CONSTITUTIONNEL ?
SI
OUI
SI NON
!
Le
traité constitutionnel ne contient que des avancées sur
le plan social et démocratique par rapport au traité existant.
POUR
EN SAVOIR PLUS
Lecture
d'électeur
La Constitution
européenne
1) Comment consulter
le texte définitif du traité, où se le procurer?
=>Réponse: outre le texte commenté dans le supplément
(toujours disponible ici pour 3 €: L'Humanité, Service Vente
Militante, 32 rue Jean Jaurès, 93528 Saint Denis Cedex.) de l'Humanité
Dimanche, le texte officiel (daté du 29/10/2004) est disponible
ici: (349 pages au format .pdf):
http://ue.eu.int/uedocs/cmsUpload/cg00087-re02.fr04.pdf
2) Où
trouver les commentaires du Praesidium qui doivent servir à interpréter
la charte des droits fondamentaux?
=>Réponse: le texte (121 pages au format .pdf contenant les
différents protocoles annexés à la constitution;
à partir de la page 26, on peut trouver les fameuses explications
sur les droits fondamentaux) est ici:
http://ue.eu.int/igcpdf/fr/04/cg00/cg00087-ad02re02.fr04.pdf
En somme, pour bien voter, il faudrait que chaque électeur ait
lu 349+121=470 pages
retour
sommaire
RÉPONSES
AUX ÉLÉPHANTS QUI TROMPENT ÉNORMÉMENT
Raoul Marc JENNAR
Les partisans du
" oui " au traité constitutionnel européen,
singulièrement lorsqu'ils émanent de la social-démocratie
et des Verts, ne répugnent pas à des manipulations du
texte en lui faisant dire ce qu'il ne dit pas et en taisant ce qu'il
dit.
L'argumentaire du
PS en faveur du oui, intitulé " Le vrai/le faux sur le Traité
constitutionnel ", fournit un catalogue de citations tronquées,
d'omissions, et de contrevérités. Il va devenir un modèle
pour travaux universitaires sur le mensonge en politique.
Le livre de Strauss-Kahn,
cette figure emblématique du libéralisme de gauche, invite
à voter " oui " non pas à cause du texte, mais
à cause de ce qu'on pourrait y ajouter le jour où on le
changera. Voir en particulier les pages sur la démocratie où
il n'hésite pas à affirmer que " la Commission va
devenir le gouvernement démocratique de l'Union " - pages
41 à 47. Quand on sait que les électeurs n'ont aucune
possibilité de sanctionner la Commission par leur vote, quand
on sait que le Parlement européen, ni aujourd'hui, ni dans le
cadre de la Constitution, ne peut imprimer de choix politiques à
la Commission, on mesure l'inexactitude d'une telle affirmation.
Quant à l'appui
de Jospin à ce traité constitutionnel, personne ne peut
oublier qu'il fut, face au patronat qui fait des bénéfices
et qui licencie, l'incarnation de l'Etat qui ne peut rien, qu'il fut,
en France, le recordman absolu, toutes catégories, des privatisations
et qu'il fut, à l'Europe, le soutien inconditionnel des politiques
néolibérales proposées à l'OMC par Pascal
Lamy. Le premier responsable du 21 avril ne peut faire autre chose que
soutenir une Constitution qui lui ressemble.
Enfin, le chantage
à la peur auquel se livrent ces sociaux-démocrates et
ces écologistes est indigne de gens qui se disent de gauche.
Une des valeurs de la gauche a toujours été de faire appel
à la raison et à l'intelligence et non aux sentiments
et aux passions. C'est la droite qui a toujours eu recours à
l'argument " dites oui ou bien c'est le chaos. " En faisant
appel à la peur, ceux qui usent de ce procédé signent
ce qu'ils sont devenus.
Mon propos, en relevant
quelques-uns - pas tous, loin s'en faut - des propos les plus mensongers
est de m'appuyer sur le texte, rien que le texte, mais tout le texte,
pour corriger ces erreurs volontaires de ceux qui sont contraints de
mentir, espérant éviter que leur " oui " s'identifie
au " oui " de Chirac, de Balladur, de Raffarin, de Sarkozy,
de Madelin et du MEDEF et de la Table Ronde des Industriels Européens.
On ne peut pas dire " non " à Raffarin en France et
" oui " à la droite la plus agressivement néolibérale
lorsqu'il s'agit de l'avenir de l'Europe.
" La Constitution
sauvera les services publics en leur donnant, pour la première
fois, une base légale " (Argumentaire PS oui, Aubry, Hollande,
Jospin, Strauss-Kahn,
.)
Ce n'est pas la
première fois qu'un traité européen introduit,
non pas la notion de service public, mais bien le concept de "
service d'intérêt économique général."
Celui-ci est apparu dans le traité d'Amsterdam. On le retrouve
à l' Article II-96 de la Constitution : " L'Union reconnaît
et respecte l'accès aux services d'intérêt économique
général tel qu'il est prévu par les législations
et pratiques nationales, conformément à la Constitution,
afin de promouvoir la cohésion sociale et territoriale de l'Union."
La Constitution
ne fournit aucune définition du " service d'intérêt
économique général." Par contre les documents
de la Commission européenne (Notes de 2000, Livre Vert de 2003,
Livre Blanc de 2004) sont éloquents : les pouvoirs publics ne
peuvent créer des services d'intérêt économique
général (SIEG) que si deux conditions sont remplies :
a) que le marché (l'initiative privée) ne fournisse pas
le service
b) que ce SIEG respecte les règles de la concurrence.
Les partisans socialistes
et Verts du " oui " n'hésitent à dire tantôt
que le passage des mots " service public " aux mots "
service d'intérêt économique général
" n'est qu'un " glissement sémantique " (les Verts)
et que SIEG "signifie service public dans le langage européen
" (argumentaire PS-oui). Rien n'est plus faux, comme on vient de
le voir. D'ailleurs, l'annexe 1 du Livre Blanc apporte sur ce point
une clarification intéressante : " les termes " service
d'intérêt général " et " service
d'intérêt économique général "
ne doivent pas être confondus avec l'expression " service
public " (p.23).
En outre, la Constitution
précise en son Article III-166, 2 : " Les entreprises chargées
de la gestion de services d'intérêt économique général
ou présentant le caractère d'un monopole fiscal sont soumises
aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de
concurrence. "
Enfin, le traité
constitutionnel proclame que la liberté d'établissement
et la liberté de circulation des services sont des " valeurs
fondamentales " de l'Union européenne (article I-4). La
proposition de directive déposée par le Commissaire européen
Bolkestein sur " les services dans le marché intérieur
" fournit la démonstration, confirmée par des experts
de tous bords, que l'application intégrale de cette " valeur
fondamentale " conduit à la disparition des services publics,
de nos systèmes de sécurité sociale et du modèle
européen de solidarité.
Avec cette Constitution,
c'est la fin de la capacité des pouvoirs publics locaux, régionaux
et nationaux de procurer des activités de service auxquelles
tous ont accès et dont les coûts sont mutualisés.
Et l'impossibilité de créer des services publics européens.
L'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) de
l'OMC pourra s'appliquer totalement sans que les Etats ne puissent s'y
opposer vu l'existence de cette Constitution.
" La 2e partie
du traité, la Charte des droits fondamentaux, correspond au Préambule
de la Constitution française et à la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen " (Strauss-Kahn, p. 33)
Dans le Préambule
de la Constitution française (comme dans la Constitution belge,
celle d'Allemagne, du Danemark, de l'Espagne, de Finlande, de l'Italie,
de l'Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de Suède),
le droit au travail, le droit à un revenu minimum, le droit à
un salaire minimum, le droit à une allocation de chômage,
le droit à une pension de retraite, le droit à la couverture
des soins de santé, à un logement décent sont garantis.
Dans la Constitution
européenne, ces droits ne figurent pas. S'agissant de la santé
et de la sécurité sociale, le texte " reconnaît
et respecte " ce qui se fait dans les Etats. Sans plus. Ce qui
n'engage à rien de la part de l'Union européenne. Le droit
au travail devient le droit à en chercher. Ce qui est très
différent.
L'Union européenne
n'adhère pas à la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme (1948) qui reconnaît ces droits sociaux collectifs.
Par contre, elle adhère à la Convention européenne
des Droits de l'Homme qui ne les reconnaît pas.
Il ne faut pas se
laisser abuser par quelques paragraphes bien ronflants (comme l'article
I-3). Cette Constitution contient ici et là des formules "
tape à l'il " qui n'engagent à rien juridiquement
et qui sont vidées de tout sens par des dispositions contraignantes
répétées systématiquement, comme par exemple,
l'obligation de respecter " la concurrence qui doit être
libre et non faussée. "
Strauss-Kahn manipule
la présentation du texte pour le rendre acceptable.
" Le traité
constitutionnel va donner au Parlement européen la capacité
de prendre lui-même l'initiative de lois " (Hollande)
La Constitution
réduit à néant ce mensonge : Article I-26, 2 :
" Un acte législatif de l'Union ne peut être adopté
que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la
Constitution en dispose autrement. "
Le monopole de l'initiative
de la Commission est maintenu. Et la technique de la codécision
tant vantée par les partisans du " oui " a pour effet
que le Parlement européen ne peut modifier les textes soumis
par la Commission que si celle-ci marque son accord.
" Le traité
ne dit rien sur les orientations politiques que l'Europe doit prendre
à l'OMC " (Strauss-Kahn, p. 97)
L'article III-314
qui introduit la politique commerciale commune et donc notre rôle
à l'OMC, stipule : " l'Union contribue conformément
à l'intérêt commun, au développement harmonieux
du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions
aux échanges internationaux et aux investissements étrangers
directs et à la réduction des barrières douanières
et autres. "
On se trouve clairement
en présence d'un choix politique. Un choix politique dont même
la Banque Mondiale remet en cause, aujourd'hui, l'efficacité
pour la création d'emplois. Mais supprimer les restrictions aux
investisseurs qui ne supportent pas les lois sociales, les lois environnementales,
le respect des droits humains fondamentaux, c'est une exigence du MEDEF
et des organisations patronales européennes.
La première
tentative de supprimer les restrictions aux investissements étrangers
directs porte un nom : Accord Multilatéral sur l'Investissement
(A.M.I.). Strauss-Kahn y était d'ailleurs directement associé
et soutenait cette démarche (voir ses réponses aux interpellations
à l'Assemblée Nationale).
Si la Constitution
est adoptée, il ne sera plus possible, comme l'a fait Jospin
en 1998 sous la pression des associations, des syndicats, du PCF et
des Verts, de dire que l'AMI doit être négocié non
pas à l'OCDE, mais à l'OMC. Comme, depuis, la négociation
a échoué à l'OMC, le patronat exige que l'AMI revienne
dans le cadre européen. D'où sa présence dans la
Constitution. On mesure ainsi l'incohérence de ceux qui ont combattu
l'AMI en 1998 et qui le soutiennent aujourd'hui.
" La victoire
du " non " réduira durablement la capacité de
l'Europe à peser sur les grandes affaires du monde " (Aubry,
Argumentaire PS-oui, Hollande).
Mais quelle est
cette capacité aujourd'hui ? Sans parler des régions du
monde qui nous sont éloignées, en quoi intervenons-nous
efficacement dans l'interminable conflit israélo-palestinien
? En quoi sommes-nous capables de donner du contenu à ce dialogue
euro- méditerranéen dont on parle depuis 30 ans ? En quoi
sommes-nous capables de régler le problème de Chypre?
Nous n'avons même pas été capables de régler
un conflit entre l'Espagne et le Maroc à propos de quelques arpents
de terre sur une île inconnue de tous ; c'est le Secrétaire
d'Etat US Colin Powell qui s'en est chargé.
Est-ce que notre
capacité à peser dans les grandes affaires du monde se
résume à se féliciter d'un coup d'Etat inspiré
par Washington contre le président démocratiquement élu
du Venezuela avant d'apprendre qu'il a échoué ?
On ne peut pas affaiblir
ce qui est déjà faible. Et ce n'est pas parce qu'on disposerait
d'un ministre européen des affaires étrangères
que celui-ci aurait de l'influence s'il n'est pas soutenu par les 25
gouvernements. Les profondes divergences entre Européens sur
le principe de la guerre préventive, qui est la négation
même de la Charte des Nations Unies, montrent qu'aussi longtemps
qu'il n'y a pas consensus entre les 25, il est impossible de peser sur
les affaires du monde. Avec ou sans " ministre des affaires étrangères
européen ".
" La victoire
du " non " sera une victoire des USA de George W. Bush "
(Lionel Jospin, Claude Allègre et Pierre Mauroy)
C'est exactement
le contraire ! Bush espère la ratification de la Constitution
puisqu'elle consolide le lien de soumission des Européens aux
USA : article I,41,2 : " La politique de l'Union (
) respecte
les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord
pour certains Etats membres qui considèrent que leur défense
commune est réalisée dans le cadre de l'OTAN et elle est
compatible avec la politique commune de sécurité et de
défense arrêtée dans ce cadre " et article
I,41,7 : " Les engagements et la coopération dans ce domaine
[en cas d'agression] demeurent conformes aux engagements souscrits au
sein de l'OTAN qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement
de leur défense collective et l'instance de sa mise en uvre.
"
Qui détient
la plus haute responsabilité militaire à l'OTAN ? Un officier
US. Qui est le chef suprême de cet officier ? Le Président
des USA.
Il suffit de lire
le Livre Blanc publié par le gouvernement de Tony Blair pour
se rendre compte à quel point ce traité constitutionnel
consacre la victoire du modèle anglo-saxon et l'avancée
vers une zone euro américaine dans laquelle disparaîtra
le modèle européen. D'ailleurs, un partisan du "
oui " ne l'a pas caché. Dans " Le Monde " des
25-26 juillet 2004, Jean-Claude Casanova écrivait : " cette
Constitution consacre le triomphe politique de la Grande Bretagne puisqu'elle
aboutit à une Europe dans laquelle le Royaume-Uni serait à
la fois le pivot politique parce qu'elle en aurait fixé les règles
et les limites, et la charnière avec les Etats-Unis dont il est
le voisin et parent. Dans l'Euramérique qui se profile, l'Angleterre
tient un rôle central."
" Ce traité
est le plus dynamique de tous les traités européens "
(Strauss-Kahn, p.99).
Invoquant ce que,
dans le jargon, on appelle les " clauses passerelles " et
les " coopérations renforcées ", il prétend
qu'ainsi la clause de l'unanimité peut être surmontée,
ce qui fournirait des opportunités d'avancées significatives.
C'est passer sous
silence que " en cas d'opposition d'un parlement national [à
l'usage de la clause passerelle] la décision européenne
n'est pas adoptée " (article III-444,3) et que " l'autorisation
de procéder à une coopération renforcée
est accordée par une décision européenne du Conseil,
statuant à l'unanimité " (article III-419,2). Dans
tous les cas de figure, on retrouve d'une manière ou d'une autre,
l'exigence de l'unanimité. Une réalité s'impose
: si cette Constitution est ratifiée, il sera impossible de la
modifier avant de très nombreuses années. Nos enfants
comme nos petits enfants auront à la subir.
" Un million
de citoyens pourront modifier la Constitution " (Cohn-Bendit, Lipietz,
Mamère)
Le droit de pétition
(dont on sait à quel point il est peu efficace sur le plan national)
ne permet pas de modifier la Constitution ; un million de personnes
pourront proposer à la Commission un texte qui applique la Constitution.
Et la Commission en fera ce qu'elle voudra comme le précise l'Article
I-47, 4 : " Des citoyennes et citoyens de l'Union, au nombre d'un
million au moins, ressortissants d'un nombre significatifs d'Etats membres,
peuvent prendre l'initiative d'inviter la Commission, dans le cadre
de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée
sur des questions pour lesquelles ces citoyennes et citoyens considèrent
qu'un acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application
de la Constitution. "
" Notre "
oui " est un " oui de combat " (les partisans PS et Verts
du " oui de gauche ")
Ces gens nous disent
: le texte n'est pas franchement bon ; à bien des égards,
il ne répond pas à nos attentes ; mais il faut l'adopter
pour conserver les quatre ou cinq points positifs qu'il contient ; quant
au reste, nous allons nous battre, après la ratification, pour
l'améliorer ; notre " oui " s'inscrit donc dans la
perspective de ce futur combat. Etrange perversion du raisonnement !
Pour trois raisons, au moins :
1) s'il s'agissait
d'enregistrer les quelques progrès résultant des négociations,
pourquoi ne pas s'être contenté d'un simple traité
s'ajoutant aux quatre venus modifier le traité de Rome depuis
1957 ? Pourquoi avoir donné une force constitutionnelle (article
I-6) à un texte qui, avant tout, va donner cette force à
un projet politique néolibéral ?
2) parce que cela
revient à dire : nous ne nous battons pas aujourd'hui contre
ce texte, mais rassurez-vous, nous nous battrons demain, une fois qu'il
sera devenu la Constitution. Quel crédit peut-on accorder à
un tel engagement de la part de ceux qui, aujourd'hui, alors que la
plupart des 25 gouvernements de l'Union sont conservateurs, promettent
une Europe sociale qu'ils n'ont pas réalisée lorsqu'ils
dirigeaient douze des quinze gouvernements de l'Union et la Commission
européenne ?
3) ils savent pertinemment
qu'ils ne pourront pas modifier ce texte. Parce que, cas unique au monde,
la Constitution européenne va exiger l'unanimité pour
être modifiée. Il sera plus aisé de modifier la
Constitution des Etats-Unis que celle de l'Union !
Mais, disent les
partisans de ce texte, l'unanimité est requise depuis 1957 pour
modifier les traités ; il n'y a rien de nouveau ! C'est un peu
vite oublier que cette unanimité se pratiquait d'abord entre
6 Etats, puis 9, puis 12, puis 15 et que les grosses difficultés
surviennent depuis que les négociations ont lieu à 25.
C'est oublier aussi que les dix Etats qui viennent de rejoindre l'Union
n'ont pas vraiment de tradition démocratique, que ces pays, à
l'exception de l'ancienne Tchécoslovaquie, n'ont connu pendant
des siècles, que des régimes autoritaires et que la plupart
d'entre eux apprennent depuis une dizaine d'années l'art du compromis
consubstantiel de la construction européenne.
C'est oublier enfin
que, pour les huit pays qui furent jusqu'il y a peu des satellites de
Moscou, ce qu'ils vivent aujourd'hui, c'est comme une accession à
l'indépendance. Leur demander de renoncer dans l'immédiat
à cette souveraineté retrouvée ou découverte
pour se placer sous les ordres de Bruxelles, c'est ignorer une réalité
qui domine le paysage politique de ces pays. Ecoutons leurs intellectuels,
lisons leurs éditoriaux et nous saurons qu'il faudra du temps,
beaucoup de temps avant qu'ils acceptent de renoncer davantage à
leur souveraineté que ce qu'ils ont déjà dû
concéder pour adhérer à l'Union européenne.
La règle
de l'unanimité fige la construction européenne dans son
état actuel. Elle bloque toute espérance d'approfondissement
avant de nombreuses années.
Le " oui "
de combat, ce n'est rien d'autre qu'une promesse. Comme celle de Jacques
Delors qui, en 1992, promettait : " acceptez le traité de
Maastricht et nous ferons l'Europe sociale tout de suite après
" Il y a douze ans
Pour conclure :
On peut tromper
les gens un temps ; on ne peut pas les tromper tout le temps. Agissons
pour que le jour du référendum, les partisans d'un "
oui de gauche " n'aient trompé qu'eux-mêmes et que
triomphe un " non de gauche " qui est en fait un " oui
" à l'Europe, mais à l'Europe des peuples, pas à
celle des marchands et des marchés.
"Le courage,
c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne
pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire
écho. . . ." (Jean Jaurès)
Raoul Marc
JENNAR
Docteur en science politique,
Chercheur auprès de l'Unité de Recherche, de Formation
et d'Information sur la Globalisation -URFIG,
Militant de gauche, signataire de " l'Appel des 200 "
retour
sommaire
Rejeter le traité constitutionnel, c'est refuser
l'ultralibéralisme
Humanité
- Édition du 10 février 2004
Émile
Zuccarelli, ancien ministre, député et maire de Bastia,
et président d'honneur du PRG, s'explique sur son opposition au
projet de constitution européenne.
En quoi le
projet de traité constitutionnel soumis aux citoyens outrepasse-t-il
les prérogatives d'une constitution ?
Émile
Zuccarelli. Par nature, une constitution définit le rôle,
la portée et les modes de fonctionnement des institutions qu'elle
crée. Mais pas les politiques que ces institutions auront à
mettre en uvre. Tel n'est pas le cas de ce traité qui,
non seulement précise le cadre d'organisation des institutions
européennes, mais, surtout, consacre près de la moitié
de ses articles aux politiques communes. Ce n'est plus une constitution,
c'est un inventaire à la Prévert qui vise à interdire
demain au pouvoir politique national ou européen de sortir du
cadre ultralibéral que ses concepteurs ont assigné à
l'Europe.
Pourquoi jugez-vous
ce projet de constitution incompatible avec le projet d'une Europe sociale
?
Émile
Zuccarelli. Les politiques européennes définies dans
la troisième partie du projet de traité n'ont rien de
commun avec l'Europe sociale que j'appelle de mes vux. Aucune
harmonisation vers le haut n'est en outre envisagée ni même
souhaitée dans ce domaine par les signataires. Et si, pour satisfaire
les uns et les autres, on évoque dans le corps du texte quelques
bons sentiments tout à fait louables, leur concrétisation
est entravée par toute une série de règles et de
principes qui ont un objectif : empêcher la construction d'une
véritable Europe sociale. Le maître mot de cette constitution,
rappelé des dizaines de fois dans le texte, reste et demeure
: " la concurrence libre et non faussée " qui n'a pas
grand-chose à voir avec la conception que je me fais d'une Europe
sociale.
Pour vous,
l'architecture institutionnelle proposée pour l'Union européenne
est porteuse de " régressions démocratiques ".
Lesquelles ?
Émile
Zuccarelli. Je suis un fervent partisan de la construction d'une
Europe forte. Pas de l'Europe molle et sans perspective que l'on nous
propose. Pour moi, une Europe ambitieuse passe par un vrai Parlement
disposant du pouvoir d'initiatives des lois, de la censure, du contrôle
de l'exécutif. Un Parlement dont émanerait d'ailleurs
ce pouvoir exécutif. Bref, une structure démocratique
traditionnelle dont le suffrage universel fonderait la légitimité.
Tel n'est pas le cas dans la constitution que l'on nous soumet. Pire,
demain, de grands pays, fondateurs de l'Europe, tels l'Allemagne ou
la France pourront être écartés de cette Commission
européenne à laquelle on voudrait accorder tant de pouvoirs.
Quelle serait
pour vous, à grands traits, l'alternative au projet européen
inscrite dans ce projet de constitution ?
Émile
Zuccarelli. Il faudra d'abord dissocier les politiques européennes
de l'organisation des institutions et en revenir à un traité
constitutionnel au sens propre du terme. Quitte à " codifier
" les politiques européennes dans un document spécifique
à même d'évoluer en fonction des choix politiques
des dirigeants élus.
S'agissant de l'organisation
institutionnelle, elle devrait être plus démocratique,
revoir les règles de majorité et d'unanimité, permettre
de véritables coopérations renforcées et renoncer
à tout alignement de ses choix sur ceux de telle ou telle autre
organisation internationale comme l'OTAN.
Quant au volet récapitulatif
des politiques - qui n'a rien à faire dans un traité constitutionnel
-, il nous faut travailler à un projet politique alternatif profondément
différent, moins inspiré par le modèle anglo-saxon,
plus ouvert sur la dimension sociale et sociétale, prenant mieux
en compte les valeurs dont la France est porteuse comme les services
publics.
À ce titre,
rejeter le traité constitutionnel, c'est aussi refuser l'ultralibéralisme.
Ce serait une avancée importante. Car loin d'inscrire ces politiques
dans le marbre, ce rejet ouvrirait l'opportunité, pour une majorité
progressiste, de les faire évoluer.
Une victoire
du " non " au référendum ouvrirait-elle une
" crise " ?
Émile
Zuccarelli. C'est la thèse des tenants du " oui ",
autant je ne méprise pas leurs arguments de fond sur le contenu
du texte. Autant je trouve d'un autre âge ces pratiques qui visent
à surfer sur la peur. La dialectique : " c'est "oui"
ou le chaos " est extrêmement dommageable pour la qualité
du débat. Car chacun sait que la victoire du " non ",
loin d'ouvrir une crise, serait l'occasion de reposer l'Europe sur de
nouvelles bases, de renégocier le traité. Ce qui ne sera
plus possible s'il est ratifié, les conditions de sa révision
étant inaccessibles.
En 2003, les
électeurs, en Corse, avaient rejeté, contre le consensus
entre les " grandes " formations politiques, le projet modification
du statut de la collectivité territoriale, qui n'était
pas sans rapport avec une certaine conception de l'Europe. Croyez-vous
qu'un tel scénario soit possible à l'issue du débat
sur ce projet de constitution ?
Émile
Zuccarelli. Le parallèle est audacieux. C'est vrai que quelques
mois avant le référendum en Corse le " oui "
était donné largement vainqueur. On promettait aux défenseurs
du " non " une défaite humiliante. On a vu ce qu'il
en a été. Le résultat en Corse fut le fait de plusieurs
éléments. L'un d'entre eux a été, à
l'évidence, la campagne d'explication que nous avons lancée
dans toute l'île sur le vrai contenu du texte. À une autre
échelle, c'est à une campagne d'explication, le texte
en main, qu'il nous faut nous atteler pour démontrer les dangers
de ce projet et rassembler, demain, une majorité pour son rejet.
Je crois que c'est possible.
Entretien
réalisé par Rosa Moussaoui
retour
sommaire
" Super menteur " bâtit des châteaux en Espagne
Venu soutenir Monsieur
Zapatero à Madrid dans sa campagne en faveur du oui au référendum
pour le traité instituant une constitution pour l'Europe, Monsieur
Chirac a expliqué qu'il fallait voter OUI parce que la constitution,
c'est une Europe plus démocratique, plus sociale et plus d'unité
politique.
Un triple mensonge
qu'il faut dénoncer.
L'Europe, c'est
l'absence totale de démocratie
En effet, de très
nombreux domaines échappent aux parlements nationaux (qui ont
des comptes à rendre aux citoyens) pour passer sous le contrôle
des commissaires qui n'ont de compte à rendre à personne.
Le pouvoir législatif est d'initiative exclusive de la commission,
cette assemblée de commissaires qui ont individuellement plus
de pouvoir que chaque chef d'état, et qui sont désignés
par marchandage. Ils cumulent le pouvoir législatif, exécutif
et judiciaire car ils peuvent émettre des directives et sanctionner
ceux qui ne s'y conforment pas.
Article I-26-2 : " Un acte législatif de l'Union ne peut
être adopté que sur proposition de la Commission "
Article I-26-4 : " Les membres de la Commission sont choisis en
raison de leur compétence générale et de leur engagement
européen et parmi des personnalités offrant toutes garanties
d'indépendance. "
Article I-26-7 : " La Commission exerce ses responsabilités
en pleine indépendance. Sans préjudice de l'article I-28,
paragraphe 2, les membres de la Commission ne sollicitent ni n'acceptent
d'instructions d'aucun gouvernement, institution, organe ou organisme.
Ils s'abstiennent de tout acte incompatible avec leurs fonctions ou
l'exécution de leurs tâches. "
De plus, contrairement
à ce que l'on entend, il n'y a pas d'initiative citoyenne possible
pour modifier la constitution :
Article I-47-4. " Des citoyens de l'Union, au nombre d'un million
au moins, ressortissants d'un nombre significatif d'États membres,
peuvent prendre l'initiative d'inviter la Commission, dans le cadre
de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée
sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu'un
acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application
de la Constitution
Le Parlement ne
peut se saisir d'un projet de loi. Il ne peut que statuer sur les propositions
de la commission. Il n'a que le pouvoir de dire NON, pas celui d'amender
sans l'accord de la commission.
ARTICLE III-332 : " Le Parlement européen peut, à
la majorité des membres qui le composent, demander à la
Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les
questions qui lui paraissent nécessiter l'élaboration
d'un acte de l'Union pour la mise en uvre de la Constitution.
Si la Commission ne soumet pas de proposition, elle en communique les
raisons au Parlement européen. "
Le Parlement n'a que le pouvoir de dire oui ou non, ce qu'il ne fait
que très rarement à cause d'une majorité centriste
objet de fortes pressions.
L'Europe, c'est
toujours moins de social
Certes, le mot social
apparaît souvent, mais surtout dans l'expression " conseil
économique et social ". Il n'y a jamais de mesure véritablement
sociale contraignante.
Le mot apparaît la première fois pour caractériser
une économie de marché hautement compétitive, donc
du social à minima qui ne trouble pas l'économie (à
moins que le compétitif ne se rapporte au dumping social ?) :
Article I-3-3. " L'Union uvre pour le développement
durable de l'Europe fondé sur une croissance économique
équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie
sociale de marché hautement compétitive
"
De plus, l'union
ne s'engage pas. Elle veut bien reconnaître que ça existe,
dans le sens où ceux que cela intéressent peuvent en parler
entre-eux :
ARTICLE I-48 " L'Union reconnaît et promeut le rôle
des partenaires sociaux à son niveau, en prenant en compte la
diversité des systèmes nationaux. Elle facilite le dialogue
entre eux, dans le respect de leur autonomie. Le sommet social tripartite
pour la croissance et l'emploi contribue au dialogue social. "
Les vieux et les
handicapés ont, tout de même, le droit de vivre :
ARTICLE II-85 " L'Union reconnaît et respecte le droit des
personnes âgées à mener une vie digne et indépendante
et à participer à la vie sociale et culturelle. "
ARTICLE II-86 "
L'Union reconnaît et respecte le droit des personnes handicapées
à bénéficier de mesures visant à assurer
leur autonomie, leur intégration sociale et professionnelle et
leur participation à la vie de la communauté. "
Et un peu de sécurité
sociale, sous contrôle et dans les pays où ça existe
:
ARTICLE II-94-1 " L'Union reconnaît et respecte le droit
d'accès aux prestations de sécurité sociale et
aux services sociaux assurant une protection dans des cas tels que la
maternité, la maladie, les accidents du travail, la dépendance
ou la vieillesse, ainsi qu'en cas de perte d'emploi, selon les règles
établies par le droit de l'Union et les législations et
pratiques nationales. "
Le droit d'accès
à l'électricité par exemple, c'est à cela
que se résume la politique de cohésion sociale de l'Union
! ! !
ARTICLE II-96 " L'Union reconnaît et respecte l'accès
aux services d'intérêt économique général
tel qu'il est prévu par les législations et pratiques
nationales, conformément à la Constitution, afin de promouvoir
la cohésion sociale et territoriale de l'Union. "
/
Dans la section
III-2 intitulée " Politique sociale ", la confiance
dans le marché est telle que l'harmonisation sociale se fera
naturellement (on évite de préciser : par le bas !), la
diversité favorisant la concurrence.
ARTICLE III-209 "
l'Union et les États membres agissent
en tenant compte de la diversité des pratiques nationales, en
particulier dans le domaine des relations conventionnelles, ainsi que
de la nécessité de maintenir la compétitivité
de l'économie de l'Union. Ils estiment qu'une telle évolution
résultera tant du fonctionnement du marché intérieur,
qui favorisera l'harmonisation des systèmes sociaux,
"
Il y a toutefois
un cas où la volonté sociale de l'Union est clairement
affirmée, c'est pour faire la leçon au reste du monde,
mais à ses propres conditions :
ARTICLE III-292-2. " L'Union définit et mène des
politiques communes et des actions et uvre pour assurer un haut
degré de coopération dans tous les domaines des relations
internationales afin:
d) de soutenir le développement durable sur le plan économique,
social et environnemental des pays en développement dans le but
essentiel d'éradiquer la pauvreté;
e) d'encourager l'intégration de tous les pays dans l'économie
mondiale, y compris par la suppression progressive des obstacles au
commerce international; "
Pour illustrer la
politique africaine de l'Union, voir l'article du Monde Diplomatique
de février 2005 page 10 : (extrait de la dernière partie)
"L'Union s'efforce d'imposer lors de ces négociations ce
que, dans trois domaines, elle n'a pu obtenir dans le cadre de l'OMC
: la concurrence dont il faut assurer, selon une expression du traité
constitutionnel européen, le caractère " libre et
non faussé ", les marchés publics, où elle
entend qu'entreprises étrangères et entreprises nationales
soient traitées sur un pied d'égalité, et enfin
l'investissement, où elle réclame une dérégulation
des régimes en vigueur dans les pays ACP. Pour illustrer ces
exigences, l'Union ressasse le discours des groupes de pression patronaux
selon lequel les dérégulations favorisent les investissements
Les firmes européennes entendent opérer en toute liberté
là où elles investissent, et tirer le profit maximum de
l'absence d'exigences salariales, de législations sociales et
de contraintes environnementales. Leur bras séculier, la Commission,
est donc priée d'insister
La Commission s'emploie à
les imposer aux pays ACP après les avoir divisés. "
L'Europe c'est
l'unité politique à minima sous le contrôle des USA
Et d'abord, qu'entend-on
par " politique " ?
Si c'est la politique économique et monétaire, la politique
financière avec l'indépendance de la Banque Centrale Européenne,
alors oui il y a unité (tandis que tout état contrôle
sa banque nationale, instrument de sa politique, l'Europe laisse monsieur
Trichet agir en toute indépendance, dans l'intérêt
exclusif des milieux d'affaires, voire des intérêts américains).
Si c'est la politique internationale, les prises de position à
l'ONU, la prudence vis à vis de la politique belliciste des USA,
la politique sociale, alors il n'y a pas de politique commune (voir
les gesticulations de messieurs Berlusconi et Barroso -l'actuel Président
de la Commission- pour soutenir l'engagement américain en Irak).
Les politiques (au pluriel, en, effet !) sont définies à
la partie III (322 des 448 articles) là où s'affirment
à longueur d'article le " principe d'une économie
de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée
".
Il est toutefois prévu que le Conseil Européen (les chefs
d'états et de gouvernements) s'efforcent de définir une
politique commune.
ARTICLE III-295-1. " Le Conseil européen définit
les orientations générales de la politique étrangère
et de sécurité commune, y compris pour les questions ayant
des implications en matière de défense. "
ARTICLE III-294-2. " Les États membres appuient activement
et sans réserve la politique étrangère et de sécurité
commune dans un esprit de loyauté et de solidarité mutuelle.
Les États membres uvrent de concert au renforcement et
au développement de leur solidarité politique mutuelle.
Ils s'abstiennent de toute action contraire aux intérêts
de l'Union ou susceptible de nuire à son efficacité en
tant que force de cohésion dans les relations internationales.
"
Mais ils n'y sont
jamais parvenus à 12 puis à 15. Il est à parier
qu'ils n'y parviendront encore moins à 25, avec le poids de l'histoire
passée et les alliances de chacun, ainsi que les pressions des
USA par l'intermédiaire de l'OTAN. La politique de cette dernière
prend le pas sur celle de l'Union :
ARTICLE I-41-2 " La politique de l'Union au sens du présent
article n'affecte pas le caractère spécifique de la politique
de sécurité et de défense de certains États
membres, elle respecte les obligations découlant du traité
de l'Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent
que leur défense commune est réalisée dans le cadre
de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord et elle est
compatible avec la politique commune de sécurité et de
défense arrêtée dans ce cadre. "
Le traité
proposé institue donc une constitution qui balaye la démocratie,
écrase toute velléité sociale, rend quasiment impossible
une politique internationale commune.
retour
sommaire
Europe, la trahison
des élites
avec Raoul
Marc JENNAR (*)
" Je suis irréductiblement attaché à l'idée
d'Europe. Parce que cette idée recèle un modèle
original, unique, de structuration des rapports humains. C'est dans
l'espace européen que sont nées à la fois l'exigence
des droits individuels créateurs de la liberté, mais également
la revendication des droits collectifs qui organisent la solidarité.
Cette double exigence n'a été formulée nulle part
ailleurs sur notre planète avant qu'elle le soit par les Européens.
Elle fonde l'Europe. Si l'Europe sans la liberté n'est pas l'Europe,
l'Europe sans la solidarité, ce n'est pas davantage l'Europe.
Je me suis attaché, dans un livre paru il y a peu (Europe, la
trahison des élites, Paris, Fayard, 2004), à démontrer,
exemples concrets à l'appui, le caractère hémiplégique
de ce qu'il est convenu d'appeler " la construction européenne.
" Tout pour le commercial, l'économique, le financier ;
rien ou très peu pour le social, le fiscal, l'environnemental.
Des pouvoirs de plus en plus considérables concentrés
dans des mains de moins de moins en moins contrôlées. Des
traités et des directives qui expriment les attentes des intérêts
privés sans que le service de l'intérêt général
soit privilégié, ni même protégé.
Des comportements impérieux, arrogants et égoïstes
dans les négociations internationales au service exclusif des
patrons européens, au mépris des droits des peuples. L'ensemble
institutionnel baptisé " Union européenne "
incarne une Europe qui ne correspond guère à l'Europe
espérée et promise il y a une cinquantaine d'années.
Ratifier la Constitution adoptée par les Chefs d'Etat et de gouvernement
aura pour effets de renforcer, de légaliser et de pérenniser
une Europe qui est de moins en moins européenne et qui s'identifie
de plus en plus au modèle de société développé
aux Etats-Unis. "
Plan de l'exposé : Introduction / 1. Quel est le statut de ce
texte baptisé " Constitution " ? / 2. La Constitution
est-elle neutre philosophiquement ? / 3. La Constitution est-elle neutre
idéologiquement ? / 4. Le principe de la souveraineté
du peuple est-il respecté par la Constitution proposée
? / 5. La Constitution offre-t-elle des garanties pour l'indépendance
et la neutralité de la Commission européenne ? / 6. La
Constitution représente-t-elle " un pas en avant "
social ? / 7. La Constitution permet-elle l'existence de services publics
? / 8. La Constitution offre-t-elle la garantie de pouvoir mettre en
uvre une politique étrangère et de défense
européennes ? / 9. La Constitution protège-t-elle les
Européens contre la mondialisation néolibérale
? / 10. Comment pourra-t-on modifier la Constitution dans l'avenir ?
/ 11. Par rapports aux traités en vigueur, en quoi la Constitution
apporte-t-elle des éléments positifs ? / 12. Quelles seraient
les conséquences du rejet de la Constitution proposée
? / Conclusion : Une formidable régression qui consacre une restauration
conservatrice.
(*) soirée co organisée avec ATTAC 38. Raoul Marc JENNAR
est docteur en science politique, animateur de l'équipe de recherche
URFIG, signataire de l'Appel des 200. le prix du Livre des Amis du Monde
diplomatique a été décerné en Novembre 2004,
à l'unanimité des membres du jury, à l'ouvrage
de Raoul-Marc Jennar : Europe, la trahison des élites (Fayard,
18,05 euros). Ce livre, pour reprendre les termes du jury, "met
[...] en avant les pouvoirs exorbitants de la Commission et de ses fonctionnaires.
Il révèle le caractère néfaste de l'Union
européenne vis-à-vis des pays du Sud, en particulier au
sein de l'Organisation mondiale du commerce. Il montre que l'opposition
supposée Union européenne/Etats-Unis est fictive et instrumentalisée
en vue de la construction d'un grand marché transatlantique".
- Autres rencontres-débats
(consulter notre site pour vérifier la confirmation Merci.).
FEVRIER : - Le Lundi 7 à 14h30 & à 20h30 (1) &
(2) " Santé et Sécurité Sociale ", avec
Hubert SAGE, Pt de l'association UFAL 38. - Le Lundi 14, à 20h30
rencontre -débat (2) " Les trois modèles de gouvernance
mondiale " avec Bernard Billaudot. - Le Mardi 15, de 14h30à
17h30 rencontre atelier (1) " Les trois modèles de gouvernance
mondiale " avec Bernard Billaudot. - Le Mercredi 16, à 14h30
& à 20h30 (1) & (2) " 1° volet : guerre impériale,
lutte anti sociale " avec Jacques Bidet ( Actuel Marx). MARS :
- Le Mardi 8 à 20h30 " Considérer l'information autrement
" avec ..... - Le Mercredi 23 à 20h30 " Union Européenne
: Traité ou Constitution ? " avec Paul ALLIES, professeur
des Universités. AVRIL : - Le Mercredi 6, à 14h30 &
à 20h30 (1) & (2) " 2° volet : guerre impériale,
lutte anti sociale " avec Jacques Bidet ( Actuel Marx).
retour
sommaire
Le Parlement européen
vote contre les hôpitaux et le logement social
Strasbourg, le 22 février 2005
Bernard Hayette
Délégation PS belge
0475/52.53.75
Communiqué de presse
Le Parlement européen a adopté le rapport de Sophia In't
Veld sur les aides d'Etat sous forme de compensation de service public.
Pour rappel, en juillet 2003, dans l'affaire "Altmark", la
Cour de Justice avait estimé que certaines formes d'aides gouvernementales
aux services publics ne constituaient pas une "aide d'Etat".
Le Parlement européen a rédigé un rapport d'initiative
en estimant que l'arrêt de la Cour de Justice avait laissé
un certain flou juridique.
La délégation
PS belge a défendu une position bien isolée même
au sein du groupe socialiste et a voté contre ce rapport car
il témoigne d'une dérive très libérale du
Parlement européen. En effet, la majorité démocrate-chrétienne
libérale soutient l'idée que les aides gouvernementales
octroyées aux hôpitaux et au logement social ne peuvent
se faire que sous réserve que l'Etat membre présente à
la Commission une description détaillée de l'organisation
et de son mode de financement. Cet excès de bureaucratie paralysera
des services essentiels, pour les citoyens, plus occupés à
répondre à des questionnaires qu'à uvrer
au bien être des gens.
Autre point inacceptable pour la délégation PS belge,
le fait que lorsqu'une aide d'Etat est autorisée pour des services
d'intérêt général, elle devrait toujours
être soumise à une procédure transparente d'appel
d'offres. Cette disposition aurait pour effet de supprimer la libre
administration des collectivités locales autrement dit le risque
pour les services sociaux d'être subsidiés suivant des
critères ne tenant pas compte des réalités locales.
La délégation
insiste auprès des autorités européennes à
engager une réflexion sur la place et le financement des services
publics au sein de l'Union européenne via la rédaction
d'une directive-cadre. Enfin, signalons la position ambiguë du
groupe des verts notamment sur leurs amendements différenciant
les services publics alors que la législation européenne
ne le prévoit pas.
retour
sommaire
CONTRE LA "
CONSTITUTION " NOUS PROPOSONS UNE AUTRE EUROPE
par Yves Salesse,
co-président de la Fondation Copernic
Fondation Copernic
Pour remettre à l'endroit tout ce que le libéralisme fait
fonctionner à l'envers
Fondation Copernic-BP 32-75921 Paris cedex 19
Tel : 06.75.25.77.76 Email : fondation.copernic@ras.eu.org
Http : //www.fondation-copernic.org
Nombre d'hésitants nous reprochent de nous limiter à la
critique et à la dénonciation de l'actuelle construction
européenne et du projet de " constitution ". Il est
vrai que beaucoup de documents issus de la " critique de gauche
" poussent l'analyse mais restent évasifs sur les alternatives.
Il nous faut être capables de montrer que nous proposons d'autres
politiques européennes, qu'elles sont possibles mais se heurtent
au projet de constitution.
C'est une dimension importante de notre campagne. A ce stade, nos propositions
alternatives doivent porter prioritairement sur quelques sujets qui
sont les plus sensibles pour l'ensemble de nos concitoyens. Ce Copernic
Flash apporte des propositions sur la lutte contre le chômage,
les règles sociales, les services publics.
Je résume ici, à usage de la campagne, certains points
traités dans mon Manifeste pour une autre Europe (éditions
du Félin 2004 ; 10,50 €) auquel ont peut se reporter pour
des développements plus complets. On peut également consulter
la note Copernic sur l'Europe (Europe : une alternative) éditée
chez Syllepse.
I. L'EUROPE CONTRE
LE CHOMAGE
1. Une politique
de croissance économique socialement utile.
La première action des pouvoirs publics contre le chômage
consiste à stimuler l'activité économique générale
essentiellement en encourageant l'investissement et en développant
le pouvoir d'achat. Ils utilisent pour cela le budget, la monnaie, la
réglementation.
La croissance ne doit pas être un objectif en soi. Celle que nous
préconisons sélectionne les activités dont l'utilité
sociale est reconnue. Ce ne sont pas les besoins qui manquent.
Nous voulons que l'Europe mène une telle politique. Les propositions
existent. En 1993, la Commission a présenté un projet
de grands réseaux transeuropéens (transport, énergie)
et de " société de l'information ". En 1993
aussi, deux économistes classiques ont chiffré un plan
riche en emplois, reprenant en partie les réseaux transeuropéens
mais aussi le logement, la rénovation urbaine et les transports
urbains. En 2003, la Commission a soumis de nouvelles propositions au
Conseil européen. Les propositions chiffrées existent
donc, les financements sont précisés. Il est aisé
de compléter ces propositions par d'autres dans les domaines
de la santé, de l'éducation, de la défense de l'environnement,
de la recherche-développement, etc.
Une telle politique
européenne se heurte directement au "traité constitutionnel
" :
- Le budget européen doit être strictement équilibré
(articles I-53 et III-407), ce qui complète l'interdiction faite
à la banque centrale européenne de faire crédit
aux institutions européennes (article III-181).
- On ne peut utiliser
l'instrument monétaire, l'injection de liquidités dans
l'économie portant toujours un risque inflationniste ; or la
mission de la Banque centrale européenne (BCE) est la stabilité
des prix (articles I-30 et III-185).
- L'indépendance
de la BCE interdit aux instances politiques de peser sur elles pour
qu'elle assouplisse sa politique monétaire afin de lutter contre
le chômage ou toute autre raison (articles I-30 et III-188). Son
refus d'agir aujourd'hui face au cours très bas du dollar, qui
facilite les exportations US et freine les exportations des pays de
la zone euro, en est une éclatante illustration.
- Il faut ajouter
que la faiblesse du budget européen (1,27 % du PNB) limite étroitement
la capacité d'action à ce niveau. Ce plafonnement n'est
pas dans les textes : il résulte d'une décision des gouvernements.
Mais on retrouve la " constitution " qui exige l'unanimité
en la matière et donc pour modifier ce plafond (article I-54).
2. L'action des institutions européennes doit être complétée
par une action coordonnée des États
En 1998, le gouvernement
allemand à proposé que des États s'entendent pour
engager une politique de relance concertée. Le gouvernement italien
était d'accord. Jospin a refusé au nom du pacte de stabilité.
L'action des États
se heurte directement aux articles suivants :
- leurs capacités
budgétaires sont réduites par le pacte de stabilité
(article III-184)
- un article nouveau prévoit le renforcement de la discipline
budgétaire (article III-194)
- dans la zone euro, ils ne disposent pas de l'instrument monétaire
- ils ne peuvent emprunter auprès de la Banque centrale européenne
ni auprès de leur propre banque centrale (article III-181).
3. Réduire le temps de travail et contrôler les licenciements
3.1 La directive
sur le temps de travail doit être corrigée en sens opposé
de ce qui est aujourd'hui proposé par la Commission. La directive
de 1993 fixe la durée légale de travail au maximum à
48 heures par semaine assortie de dérogations. La Commission
propose un assouplissement supplémentaire qui autoriserait la
semaine de 65 heures ! Nous combattrons évidemment ce projet.
Au contraire, nous demandons, comme première mesure, la suppression
de ces dérogations telles que le consentement du salarié
à travailler plus.
3.2 Réduire
le temps de travail. On ne peut attendre de la seule croissance la résorption
du chômage. La baisse du temps de travail est une autre voie.
Malgré ses insuffisances, la décision française
sur les 35 heures, a montré une certaine efficacité pour
l'emploi. Une réduction européenne aurait un impact supérieur.
3.3 Introduire le contrôle des licenciements collectifs dans la
directive qui leur est consacrée. En application du principe
de subsidiarité, chaque État déciderait les formes
précises de ce contrôle, administratif, syndical, juridictionnel.
Mais la règle européenne lui interdirait de n'en avoir
aucun.
Ces mesures se heurtent
directement à :
- l'encadrement
de la politique sociale qui doit tenir compte de la nécessité
de maintenir la compétitivité de l'économie de
l'Union (article III-209)
- la limitation des compétences de Union (qui ne peut ne peut
par exemple harmoniser les règles nationales en matière
de lutte contre l'exclusion sociale) et l'unanimité (article
III-210)
- en tout état de cause, elle évite d'imposer des contraintes
administratives, financières ou juridiques telles qu'elles contrarieraient
la création de PME (même article).
- la recherche de la flexibilité de la main d'uvre et du
marché du travail (article III-203)
- l'Union et les États membres veillent à ce que les conditions
nécessaires à la compétitivité de l'industrie
soient assurées et son action vise à accélérer
l'adaptation de l'industrie et à encourager un environnement
favorable à l'initiative et au développement des entreprises
(article III-279).
4. Mettre fin au dumping fiscal se heurte directement à l'unanimité
requise pour modifier les règles fiscales (article III-171)
5. Des actions sectorielles
5.1 L'arrêt
de l'offensive contre les services publics dépasse la question
du chômage, mais en est un volet non négligeable : les
ouvertures à la concurrence (décidées au niveau
européen) et les privatisations décidées nationalement,
se traduisent toujours par des suppressions massives d'emploi. Or la
poursuite de l'offensive contre les services publics est programmée
(voir plus loin).
5.2 Les États
ont toujours eu des politiques de soutien à certains secteurs
de l'économie. Elles sont maintenant généralement
prohibées puisque sont interdites les aides accordées
par les États membres qui faussent ou menacent de fausser la
concurrence (article III-167).
II- DES REGLES
SOCIALES EUROPEENNES
1. Remettre la charte
des droits en chantier
1.1 La rédaction
de la Charte est restée prisonnière de la négociation
avec les gouvernements. Une Charte des droits nécessite un débat
en profondeur dans chaque État et ne peut être bornée
par les principes libéraux qui encadrent les traités actuels.
Droit au travail ! Droit au logement ! Droit aux soins ! Droit à
l'éducation ! Bref, droit de vivre.
Nous énonçons cette revendication insensée : le
droit de vivre décemment pour tous. Que l'Europe garantisse ce
droit, et donc ces droits ! Aucun des droits énoncés ne
peut être soumis au " respect des dispositions de la constitution
et du droit national ". C'est, au contraire, à celles-ci
de se soumettre aux droits fondamentaux.
1.2 Énoncer
un principe général du droit européen : le principe
de non-régression. Sur bien des sujets, le droit européen
doit tenir compte du niveau de développement des États.
S'il représente une avancée pour les pays en retard, il
est en deçà de ce qui a été conquis ailleurs.
Par ce principe, la Charte garantira que l'on ne peut se fonder sur
une règle européenne pour faire reculer le droit national
là où il est plus avancé.
1.3 Poser l'obligation
qu'existent dans chaque État membre un revenu minimum et un salaire
minimum garantis.
1.4 Supprimer le
droit de grève pour les employeurs (article II-88) qui a été
l'arme redoutable souvent utilisée par le patronat contre les
gouvernements de gauche (cfr. Chili sous Allende et Venezuela récemment).
2. Des mesures concrètes
Le droit social
européen n'est pas destiné à remplacer le droit
national. Il serait illusoire ou dangereux, en raison de différences
historiques et économiques des États, de prétendre
y instaurer une réglementation uniforme.
2.1 Contre le dumping
social
Il est déjà pratiqué et favorise les délocalisations.
Il faut faire échec à la directive Bolkestein qui vise
à l'institutionnaliser pour les services avec le " principe
du pays d'origine ".
2.2 Un salaire minimum
dans chaque État
L'harmonisation n'est pas toujours possible immédiatement au
plus haut niveau acquis dans l'un des États. Ainsi, après
avoir adopté l'existence d'un salaire minimum dans tous les États,
se pose la question de sa quantification. Il ne peut être le même
partout. On doit alors inventer des formules qui tiennent compte des
différences : les marches européennes contre le chômage
ont adopté la revendication d'un salaire minimum défini
en pourcentage du PIB par tête.
2.3 Dans certains
domaines l'harmonisation doit d'emblée se faire par le haut.
Il en est ainsi pour la répression du harcèlement, la
protection des jeunes au travail, le maintien du contrat de travail
en cas de rachat d'entreprise. Sur tous ces sujets des réglementations
nationales existent qui peuvent être rapidement étendues
à l'ensemble des États membres.
2.4 L'Europe doit intégrer les conventions internationales existantes
en matière sociale.
2.5 Une règle européenne doit obliger immédiatement
tous les États membres à se doter d'une inspection du
travail et en fixer les compétences minimales.
Ces mesures se heurtent aux articles cités précédemment.
III- DEFENDRE ET
ETENDRE LES SERVICES PUBLICS
L'ouverture à
la concurrence, conduite au niveau européen, est l'un des modes
majeurs d'attaque contre les services publics. Elle se combine avec
les privatisations décidées nationalement. Avec les services
publics nous tenons une alternative concrète, expérimentée.
Deux conceptions de la société s'affrontent. A la logique
du profit nous opposons celle des besoins. A la marchandisation du monde
nous opposons les biens communs. A la concurrence généralisée
nous opposons la solidarité. Au creusement des inégalités
nous opposons l'égalité.
Au niveau européen, il est temps, raisonnablement, de prendre
certaines décisions immédiates, de faire un bilan. Elles
prépareront des mesures plus ambitieuses.
Un observatoire
et un moratoire des libéralisations
Partout, la fable libérale a été démentie
: chemins de fer, électricité, eau, transports, télécommunication.
Ni l'amélioration du service, ni la baisse des prix, ni les économies
budgétaires ne sont au rendez-vous. Ce bilan universel n'empêche
pas la Commission, les gouvernements, des forces de gauche même,
de trouver des vertus à cette politique.
Nous proposons la mise en place d'un observatoire européen, appuyé
sur des observatoires nationaux et locaux pour tirer un bilan complet.
Il ne saurait être, évidemment, sous la coupe de la Commission.
Les résultats des travaux de l'observatoire seront soumis au
débat de tous les parlements nationaux et du Parlement européen.
Aucune nouvelle ouverture à la concurrence ne sera décidée
avant la conclusion de ces débats.
Mettre fin à
la concurrence déloyale contre les services publics
La loyauté de la concurrence, dont l'institution communautaire
est habituellement si soucieuse, joue à sens unique.
L'exemple des transports terrestres est éclairant. Le transport
routier, premier concurrent du chemin de fer, profite d'avantages qui
constituent d'authentiques distorsions de concurrence : réglementation
sociale médiocre, règles de sécurité inférieures
et largement inappliquées en raison du très grand nombre
des entreprises et de l'insuffisance des contrôles. L'égalisation
des conditions de concurrence est un premier pas que l'Europe actuelle
n'a jamais voulu accomplir.
Modifier la place
des services publics dans le droit fondamental de l'Union
La première mesure consiste à affranchir les services
publics des règles de la concurrence. Il faut remettre en cause
le statut dérogatoire que leur réserve le droit européen
aujourd'hui en vigueur : la concurrence est a loi fondamentale ; le
monopole de service public n'est toléré que par exception,
sous conditions et dans une acception restrictive.
Le service public réclame, pour jouer son rôle, une place
au moins aussi importante que la concurrence. La suppression de son
statut dérogatoire et l'inapplicabilité des règles
de la concurrence se traduiraient concrètement par les règles
suivantes : les aides publiques directes ou indirectes aux entreprises
de service public sont autorisées, proportionnées aux
objectifs ; les ententes entre entreprises de services public sont licites
lorsqu'elles visent à améliorer le service ou le rendre
à moindre coût. Une orientation plus volontaire consistera
à encourager les financements publics nationaux et locaux et
la coopération entre les entreprises de service public.
Respecter le
principe de subsidiarité
L'Europe ne doit prendre en charge que ce que les États ne peuvent
faire. Chaque État disposera du droit de décider les activités
auxquelles il entend conférer le statut de service public et
de les organiser comme il l'entend.
Construire des
services publics européens
Il est des secteurs pour lesquels une organisation européenne
du service public est nécessaire. C'est clair dans le domaine
des transports, de la poste, des télécommunications. Dans
certains cas l'intervention européenne consistera à impulser
la coopération des services publics nationaux. Dans d'autres,
parce qu'ils s'agit d'un nouveau service et que les acteurs nationaux
n'existent pas, elle prendra d'emblée la forme d'une organisation
européenne : ce sera le cas, par exemple de la localisation par
satellite si le projet Galileo aboutit. On aura besoin alors de rendre
possible et de définir la propriété publique européenne.
Exclure les services
publics des négociations commerciales internationales telles
que celles de l'AGCS
Tout ceci se heurte
directement au " respect du principe de l'économie de marché
ouverte où la concurrence est libre et non faussée "
(articles III-177), le monopole ou les droits spéciaux destinés
à protéger le service public étant par nature des
atteintes à ce principe; au commerce libre dans les relations
avec le reste du monde (article I- 3 ; III-292) ; à la suppression
progressive des restrictions aux investissements étrangers directs
et à la réduction des barrières douanières
et autres (article III-314) ; à l'interdiction d'entraver la
libre circulation des capitaux (article III-156), puisqu'il s'agit de
protéger des secteurs d'activité ; à la soumission
des services publics aux règles de concurrence (article III-166)
et aux articles sectoriels qui visent à rendre les libéralisations
irréversibles : les transports, les télécommunications,
l'énergie sont des marchés ouverts (articles III-246,
III-256).
Tout cela illustre bien nos deux critiques essentielles :
1° Le traité
constitutionnel, qui serait la norme supérieure pour les institutions
de l'Union et les États membres, est truffé d'obligations
et d'interdictions très précises qui n'y ont pas leur
place, qui seraient ainsi soustraites au débat, à la décision
courante des instances politiques et donc au changement. Il faut noter
que les défenseurs du Oui ne répondent jamais à
cette critique première sur ce vice anti-démocratique
radical ; quand ils ne mentent pas délibérément
en affirmant que ce texte n'est qu'un contenant et que l'on décidera
plus tard du contenu.
2° Toutes ces
dispositions sont la traduction juridique des politiques libérales
et font obstacle à la mise en uvre de politiques différentes.
retour
sommaire
DIRE "NON" AU TRAITE CONSTITUTIONNEL, POUR CONSTRUIRE L'EUROPE
!
Appel contre le
"Traité constitutionnel" européen
Face à la
mondialisation libérale et aux firmes transnationales, nous avons
besoin d'Europe. Mais celle qui se fait aujourd'hui n'est pas l'Europe
dont nous avons besoin.
L'Europe qu'on nous
demande d'avaliser est totalement organisée autour d'un principe
unique : le marché, la généralisation de la concurrence.
C'est cela qui autorise l'attaque contre les services publics, l'incitation
à l'allongement de la durée du travail et sa flexibilisation,
l'encouragement à la régression sociale dans chacun des
pays de l'Union européenne. Cette Europe-là est menée
par le haut, par des négociations opaques entre les gouvernements
et par des instances qui ne sont pas soumises au contrôle démocratique,
telles la Commission ou la Banque centrale européenne.
Les peuples ne se reconnaissent pas dans cette pseudo-Europe qui a le
marché pour idole et la négociation secrète pour
liturgie. Il est urgent de sortir de cet engrenage.
Le "traité
constitutionnel" adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement
le 18 juin 2004 constitue l'ensemble juridique libéral le plus
complet et contraignant de la planète. Il grave dans le marbre
les dogmes et les politiques inscrites dans le Traité de Rome
aggravé dans un sens néo-libéral par les traités
ultérieurs.
Il ouvre la voie
à une politique militariste subordonnée à l'OTAN.
Il refuse l'égalité des droits à ceux qui résident
en Europe sans posséder la nationalité d'un Etat membre
et les désigne au harcèlement administratif et policier.
Il remet en cause le principe de laïcité auquel nous tenons.
Enfin, il laisse les citoyens à l'écart des lieux de décision.
Il n'est d'ailleurs
une constitution ni par son mode d'adoption, ni par son mode d'élaboration,
ni par son contenu. S'il est ratifié, l'unanimité des
25 Etats membres sera ensuite requise pour le modifier.
Cela, alors même qu'il fixe dans le détail des choix politiques,
économiques et sociaux essentiels qui ne pourront donc plus être
remis en cause. Ce vice anti-démocratique affecte déjà
les traités actuels ; il est incorporé avec eux.
Cette masse de stipulations
précises et contraignantes va toujours dans le même sens
: la domination du marché, la liberté d'action des capitaux
et des firmes transnationales. Au fronton de cet édifice est
inscrit un principe primordial, décrété intangible
: " le principe d'une économie de marché ouverte
où la concurrence est libre et non faussée ".
Cette Europe-là n'est pas la nôtre.
C'est pourquoi il
est urgent de donner à l'Europe de nouvelles fondations qui l'émancipent
du capitalisme financier, prédateur et belliciste, qui la réconcilient
avec le progrès social, la démocratie, un développement
soutenable, la coopération entre les peuples, qui portent la
paix sur une planète déchirée par les guerres.
Nous sommes des
partisans résolus d'une Europe du droit pour toutes et tous à
l'emploi, mobilisée contre le chômage, la précarité
et la dégradation du cadre de vie. Une Europe qui renforce les
garanties sociales, met en uvre un développement économique
compatible avec les équilibres écologiques, défend
la diversité culturelle, respecte la laïcité et veille
à la stricte application de l'égalité entre les
hommes et les femmes.
Nous voulons une
Europe démocratique, fondée sur la pleine citoyenneté
de tous ses résidents. Nous proposons une Europe dont les peuples
seront les acteurs d'un authentique processus constituant, qui leur
permette de décider vraiment des choix politiques et de contrôler
leur mise en uvre.
Pour que cette Europe si nécessaire devienne possible, il faut
partout donner la parole aux citoyens et refuser cette prétendue
" constitution " européenne.
Nous entendons l'argument
de celles et ceux qui combattent avec nous le néolibéralisme
et craignent pourtant qu'un tel refus serve les forces réactionnaires.
Mais laisser l'Europe actuelle continuer sur sa lancée favorise
l'essor dangereux des populismes réactionnaires, des droites
"souverainistes ", de l'extrême droite xénophobe.
Cette Europe-là
représente une grande menace pour l'idée européenne
elle-même.
C'est pourquoi nous appelons à opposer un "non" majoritaire
au "traité constitutionnel". Un "non" de
gauche, en rupture avec le système libéral, qui puisse
traduire dans les urnes ce que les mobilisations sociales et alter mondialistes
de ces dernières années ont exprimé avec le soutien
de la majorité de la population, des salariés, de la jeunesse.
Appel national
initié par 200 signataires dont on peut trouver la liste sur
le site http://www.appeldes200.net
Sur les bases de
cet appel, les personnes ci-dessous, habitant et militant dans le Nord-Isère,
ont décidé de créer un collectif d'initiatives
visant à permettre l'expression d'un " NON DE
GAUCHE " au projet de traité constitutionnel. Elles appellent
l'ensemble des citoyennes et citoyens, militantes et militants du Nord-Isère
à signer cet appel et à les rejoindre pour construire
toutes et tous ensemble les actions qui permettrons de mettre en échec
ce projet de traité constitutionnel.
retour
sommaire
33
raisons de voter ... OUI
(Clin d'il
du collectif du Pays de Rennes pour une autre Europe.)
mis en ligne
le 2 mars 2005
Constitution
Européenne : 33 raisons de voter OUI !
Vous voulez :
1. que les capitaux
et les marchandises aient autant sinon plus de liberté que les
humains ? (art. I-2) Alors votez oui !
2. que la liberté du travail soit une valeur de l'Europe mais
pas le droit au travail, ni le droit du travail ? (art. II-75) Alors
votez oui !
3. que la création d'un marché libre soit un objectif
de l'Europe mais pas le plein emploi sauf s'il ne " fausse "
pas la concurrence ? Alors votez oui !
4. que la première chose à sauver en cas de crise sociale
ou de guerre, ce soit " le fonctionnement du marché "
? (art.III-131) Alors votez oui !
5. que la banque centrale européenne, hors de tout contrôle,
fasse crédit aux spéculateurs mais pas aux Etats qui voudraient
relancer l'emploi ? (art.III-181) Alors votez oui !
6. que l'euro serve à protéger les avoirs financiers ?
(art.I-53 et I-54) Alors votez oui !
7. qu'un pays en récession soit pénalisé une deuxième
fois par une sanction financière imposée par ceux qui
sont plus forts ? (art.IIII-184) Alors votez oui !
8. que le moins disant fiscal se généralise dans toute
l'Europe, car il faut baisser les allocations chômage et les impôts
des riches ? (art.III-171) Alors votez oui !
9. que le Président de la République se fasse le champion
de la taxation de la spéculation pour aider les pauvres quand
il va à New York et à Davos, mais qu'il l'oublie quand
il revient en Europe ? Alors votez oui !
10. que le Président de la République soit écologiste
dans les grands sommets de l'ONU et productiviste quand il visite les
campagnes ou inaugure les autoroutes pour les camions ? Alors votez
oui !
11. que les droits sociaux soient abandonnés à la "
nécessité de maintenir la compétitivité
" ? (art. III-209) Alors votez oui !
12. que la " liberté de chercher un emploi " soit reconnue
même si l'emploi n'existe pas ou est supprimé ? (art. II-75-2)
Alors votez oui!
13. que le droit de grève soit reconnu pour les..." employeurs
" ? (art. II -88) Alors votez oui !
14. que la durée maximale du travail passe de 48 par semaine
à 65h ? (directive temps de travail) Alors votez oui !
15. que toute harmonisation des rémunérations, du droit
d'association, du droit de grève, soit exclue ? (art . III-210)
Alors votez oui !
16. qu'une entreprise de services ne soit soumise qu'à la législation
de son pays d'origine en matière de droit du travail, de normes
environnementales ou de protection des consommateurs ? (directive BOLKESTEIN
[1]) Alors votez oui !
17. que la Constitution ne comporte pas une seule fois les mots "services
publics" ? Alors votez oui !
18. que tous les services soient concernés par la mise en concurrence
et la libéralisation ? (art. III-145) Alors votez oui !
19. que l'éducation, la santé et les services liés
à l'environnement soient les prochaines cibles de la privatisation
? (accords AGCS) Alors votez oui !
20. que les transports, les télécommunications et l'énergie
soient libéralisés ? (art. III 246 et III-256) Alors votez
oui !
21. que la moitié des bureaux de poste soient fermés ?
(art. III-148) Alors votez oui !
22. que toute aide aux services qui subsisteraient encore soit interdite
? (art. III-167) Alors votez oui !
23. que la Constitution soit une photocopie de l'AGCS qui prévoit
de tout libéraliser " notamment l'éducation, la santé
et les services liés à l'environnement " (dixit la
Banque mondiale) ? (art. III-145 à III-147 et III-166 et III-167)
Alors votez oui !
24. qu'une Constitution détermine les politiques à suivre
? (titre III en entier) Alors votez oui !
25. que ces politiques soient exclusivement et définitivement
libérales ? (art. III-177) Alors votez oui !
26. qu'en guise de démocratie participative, les citoyens ne
puissent qu' " inviter " la Commission européenne à
faire des propositions pour " faire appliquer la constitution "
? (art. I-47,4) Alors votez oui !
27. que toute révision de la constitution soit soumise à
la règle de l'unanimité ? (art.IV-443) Alors votez oui
!
28. que le principe de la laïcité soit absent de la Constitution
? art.I-51) Alors votez oui !
29. que la séparation des églises et des Etats soit remplacée
par la possibilité d'exprimer ses convictions religieuses publiquement
? (art.- II-10) Alors votez oui !
30. que la défense de l'Europe et ses interventions extérieures
soient inféodées à l'OTAN ? (art.I-41) Alors votez
oui !
31. que l'égalité entre les femmes et les hommes soit
une valeur commune aux Etats membres renvoyant à une loi future
devant être adoptée à l'unanimité entre des
Etats dont certains rendent illégal l'avortement ? (art.III-124)
Alors votez oui !
32. que le droit de se marier et de créer une famille soit reconnu
mais pas celui de divorcer ? (art.II-69) Alors votez oui !
33. que le droit de vote et de circulation soient limités aux
seuls citoyens de l'Union et que cette citoyenneté exclut de
fait les résidents des Etats tiers ? (art. I-10, II-72 et II-99
et II-100) Alors votez oui !
Vous avez aimé
la réforme des retraites. Vous avez donc dû adorer celle
de l'assurance-maladie. Vous devriez vous pâmer devant la Constitution
libérale !
Si vous n'êtes pas convaincu et qu'en revanche, vous sentez la
cohérence du rouleau compresseur qui s'est mis en branle depuis
des décennies, nous ne serons pas de trop pour lui barrer la
route !
Rejoignez les collectifs pour le NON au projet de traité constitutionnel.
retour
sommaire
Dix bonnes raisons
de voter NON...
par A-J Holbecq.
28 février 2005
Dix bonnes raisons,
chacune suffisante, de voter NON
au référendum sur la constitution européenne.
Car si elle était
approuvée...
1 - signée
par les 25, elle ne pourra être modifiée qu'à l'unanimité.
Donc le Luxembourg
ou Malte, avec leurs 400 000 habitants chacun, soit un centième
de la population européenne, ou le Royaume-Uni dont la population
n'est pas franchement pro-européenne, ou certains des dix derniers
petits arrivés dont le PNB par habitant sont au dixième
de celui du Luxembourg, pourront s'opposer avec les mêmes droits
à toute modification de la Constitution !
2 - les ultra libéraux
auront enfin la garantie que les principes qu'ils défendent sont
garantis et sanctuarisés, qu'on ne pourra plus revenir dessus
:
La constitution
américaine est écrite sur moins de 20 pages. La constitution
européenne fait 350 pages, et plus de 850 avec les annexes !
Cela signifie que tous les détails et les lois sont "gravées
dans la pierre" et qu'il sera quasiment impossible de les changer,
impossible par exemple de changer la politique économique de
l'Europe (ou d'un quelconque des sujets soulevés dans cette listes)
d'une manière démocratique par une législation
débattue au Parlement Européen. La constitution deviendra
la base jurisprudentielle pour les futures législations ainsi
que pour la Cour européenne du Luxembourg.
3 - compte tenu
de la réaffirmation de l'indépendance de la BCE, qui ne
peut "solliciter ni accepter des instructions " des Etats,
l'Europe deviendra le seul et unique pays au monde et dans l'histoire
où l'indépendance absolue d'une Banque Centrale aura été
constitutionnalisée dans un cadre définitif d'une politique
prédéterminée que les citoyens ne pourront même
plus orienter.
Aucune Constitution
dans le monde ne verrouille à ce point le champ de la politique
économique et monétaire. Une véritable Banque centrale
devrait au contraire être mise au service du développement
et de l'harmonisation. L'emploi devrait être sa priorité,
des objectifs de change devraient être fixés de manière
coordonnée, une inflation différenciée devrait
être tolérée, et la Banque centrale devrait pouvoir
financer les politiques structurelles. ARTICLE III-177 ... conduite
d'une politique monétaire et d'une politique de change uniques
dont l'objectif principal est de maintenir la stabilité des prix
et, sans préjudice de cet objectif, de soutenir les politiques
économiques générales dans l'Union, conformément
au principe d'une économie de marché ouverte où
la concurrence est libre. ARTICLE III-185 L'objectif principal du Système
européen de banques centrales est de maintenir la stabilité
des prix [...] Le Système européen de banques centrales
agit conformément au principe d'une économie de marché
ouverte où la concurrence est libre. ARTICLE III-188 Ni la Banque
centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un
membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter
ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes
de l'Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre
organisme.
4 - le gouvernement,
et donc en définitive chacun des citoyens de nos pays, devra
payer un intérêt à un système bancaire privé
pour l'usage de sa propre monnaie, qu'il pourrait émettre lui-même,
sans intérêt !
C'est, hélas
déjà le cas depuis le Traité de Maastricht.. Mais
est ce qu'une erreur doit être, pour autant, constitutionnalisée
? ARTICLE III-181 Il est interdit à la Banque centrale européenne
et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées
"banques centrales nationales", d'accorder des découverts
ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes
de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales
ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes
ou entreprises publics des États membres [...]
La masse monétaire
qui nous permet de produire et de consommer a donc maintenant pour seule
contrepartie les emprunts émis auprès des banques privées
par les entreprises et les ménages, emprunts chargés d'intérêts
conséquents...
Thomas Edison écrivait
déjà : "Il est absurde de dire que notre pays peut
émettre des millions en obligations, et pas des millions en monnaie.
Les deux sont des promesses de payer, mais l'un engraisse les usuriers,
et l'autre aiderait le peuple. Si l'argent émis par le gouvernement
n'était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes
non plus. C'est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour
augmenter la richesse nationale, doit s'endetter et se soumettre à
payer des intérêts ruineux."
5 - la Charte des
droits fondamentaux, reprise dans la partie II du projet, n'aura pas
de valeur contraignante et sur certains points, elle se situera même
en deçà de la législation internationale : ainsi
le revenu minimum ou le droit au logement ne sont-ils pas reconnus,
alors qu'ils le sont dans la Déclaration universelle de 1948.
6 - elle érigera
en "objectif de l'Union" (article I-3-2) "un marché
intérieur où la concurrence est libre et non faussée"
et en disposant dans son article III-148 que "les Etats membres
s'efforcent de procéder à la libéralisation des
services au-delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de
la loi cadre européenne [...]. La Commission adresse aux Etats
membres intéressés des recommandations à cet effet".
La Commission Européenne
refuse de retirer la directive Bokelstein et objecte déjà
que si on veut faire de l'Europe une économie performante et
réellement compétitive, les dispositions de la charte
ne sont pas négociables.
Ce projet de directive
concerne l'ensemble des services dont la fourniture implique une contrepartie
financière, à quelque niveau que ce soit, indépendamment
des missions d'intérêt général qui peuvent
être les leurs, sans adoption préalable d'une directive
cadre sur les services publics ou d'intérêt général.
Considérés comme des entraves au développement
du marché intérieur, les agréments exigés
par les Etats sont réputés illégaux. Les procédures
de contrôle échappent aux Etats sur le territoire desquels
le service est fourni et relèvent du pays dans lequel le prestataire
est établi : c'est le principe dit du "pays d'origine".
En rupture totale
avec la démarche classique d'harmonisation "par le haut"
par l'édiction de règles ou principes, le projet ouvre
donc un marché hautement concurrentiel sur le plan social et
juridique, au prétexte de simplifier les procédures d'établissement
et/ou de prestation de services au sein de l'Union. Or qui pourrait
accepter sans broncher de voir la législation sociale, les conventions
collectives ou la protection des consommateurs rabaissées au
rang d'avantages commerciaux ?
7 - le droit de
vote et l'éligibilité aux élections municipales
ne seront accordés qu'aux citoyens de l'Union, alors que la citoyenneté
- à ne pas confondre avec la nationalité - devrait être
accordée à tous les résidents, sous condition de
résidence pendant un certain temps.
8 - la politique
agricole commune restera productiviste,
Alors qu'elle a
largement démontré sa capacité de nuisance non
seulement sur le plan environnemental, mais aussi en ce qui concerne
l'exode rural, le chômage des paysans et l'écrasement des
agricultures non européennes.
9 - des citoyens
de l'Union, au nombre d'un million au moins, ressortissants d'un nombre
significatif d'États membres, pourront prendre l'initiative d'inviter
la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre
une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles
ces citoyens considèrent qu'un acte juridique de l'Union est
nécessaire aux fins de l'application de la Constitution.
Donc, si 1 000 000
de citoyens européens font la demande d'un acte législatif,
la commission Européenne pourra y donner suite, dès lors
que cette proposition entre dans le cadre de la constitution. Mais il
y a deux verrous :
Premier verrou :
la commission pourra, elle ne doit pas. Si ça ne lui plaît
pas, elle ne fait rien. C'est la commission, et elle seule, qui décide
si elle donne suite ou pas !
Deuxième
verrou : ça ne pourra se faire que dans le cadre de la constitution,
les principes de la constitution. Par exemple, pour la taxe Tobin, la
commission dira : "Désolé, il y a un article qui
dit qu'on n'a pas le droit d'empêcher la totale liberté
de circulation des capitaux, ou bien il faut l'unanimité ".
Donc votre pétition s'arrête là. Par contre, si
vous voulez plus de libéralisme il n'y aura pas de problème
! Si on dit par exemple : " On va abolir la durée maximum
de travail ", il n'y aura aucune difficulté, la commission
donnera suite.
ARTICLE I-47 Principe
de la démocratie participative 1. Les institutions donnent, par
les voies appropriées, aux citoyens et aux associations représentatives
la possibilité de faire connaître et d'échanger
publiquement leurs opinions dans tous les domaines d'action de l'Union.
2. Les institutions entretiennent un dialogue ouvert, transparent et
régulier avec les associations représentatives et la société
civile. 3. En vue d'assurer la cohérence et la transparence des
actions de l'Union, la Commission procède à de larges
consultations des parties concernées.4. Des citoyens de l'Union,
au nombre d'un million au moins, ressortissants d'un nombre significatif
d'États membres, peuvent prendre l'initiative d'inviter la Commission,
dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition
appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent
qu'un acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application
de la Constitution. La loi européenne arrête les dispositions
relatives aux procédures et conditions requises pour la présentation
d'une telle initiative citoyenne, y compris le nombre minimum d'États
membres dont les citoyens qui la présentent doivent provenir.
10 - ce projet de
constitution ne mentionnera pas le droit des femmes à disposer
de leur corps et donc du droit à l'avortement.
Chacune des dix
bonnes raisons qui précèdent suffirait à elle seule
pour que vous votiez "NON" au référendum.
Mais on vous objectera
ces dix arguments
1 - " Si on ne vote pas ce traité, c'est le chaos, la catastrophe
".
Actuellement nous
vivons dans le cadre du traité de Nice et il n'y a pas de catastrophe
! Et nous y vivrons au moins jusqu'en 2009... On est dans ce traité,
et on ne s'en porte pas plus mal,... ni mieux d'ailleurs. Mais si le
traité de constitution est ratifié, elle prendra la suite
en 2009 (et certaines de ses dispositions d'ailleurs ne prendront corps
qu'en 2014), donc nous avons pas mal de temps devant nous encore...
Qu'est-ce qui se passe si le traité est refusé ? Sur le
plan juridique il ne se passe rien : les traités antérieurs
continuent, la situation dans laquelle nous sommes se poursuit. Mais
nous remettrons en chantier un autre traité, avec tout le temps
nécessaire. Il n'y a pas le feu, aucune urgence.
2 - " La France va être isolée. "
Ce n'est pas si
sûr que ça ! Dans les pays procédant par référendum
le résultat n'est pas connu d'avance ! On a bien vu que ce qui
est isolé, ce sont les politiques libérales qui ne recueillent
nulle part l'adhésion des populations qui s'opposent à
la contrainte, au libéralisme, au chômage, à la
précarité, à la baisse des revenus, à la
délocalisation ! Comment voulez-vous que cette idée soit
populaire ?
3 - " La 2e partie du traité, la Charte des droits fondamentaux,
correspond au Préambule de la Constitution française et
à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ".
Dans le Préambule
de la Constitution française (comme dans la Constitution belge,
celle d'Allemagne, du Danemark, de l'Espagne, de Finlande, de l'Italie,
de l'Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de Suède),
le droit au travail, le droit à un revenu minimum, le droit à
un salaire minimum, le droit à une allocation de chômage,
le droit à une pension de retraite, le droit à la couverture
des soins de santé, à un logement décent sont garantis.
Dans le projet de
Constitution européenne, ces droits ne figurent pas. S'agissant
de la santé et de la sécurité sociale, le texte
" reconnaît et respecte " ce qui se fait dans les Etats.
Sans plus. Ce qui n'engage à rien de la part de l'Union européenne.
Le droit au travail devient le droit à en chercher. Ce qui est
très différent.
L'Union européenne
n'adhère pas à la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme (1948) qui reconnaît ces droits sociaux collectifs.
Par contre, elle adhère à la Convention européenne
des Droits de l'Homme qui ne les reconnaît pas.
4 - " La Constitution sauvera les services publics en leur donnant,
pour la première fois, une base légale "
La Constitution
ne fournit aucune définition du " service d'intérêt
économique général.". Par contre les documents
de la Commission européenne (Notes de 2000, Livre Vert de 2003,
Livre Blanc de 2004) sont éloquents : les pouvoirs publics ne
peuvent créer des Services d'Intérêt Economique
Général (SIEG) que si deux conditions sont remplies :
a) que le marché (l'initiative privée) ne fournisse pas
le service b) que ce SIEG respecte les règles de la concurrence.
Enfin, le traité
constitutionnel proclame que la liberté d'établissement
et la liberté de circulation des services sont des " valeurs
fondamentales " de l'Union européenne (article I-4). La
proposition de directive déposée par le Commissaire européen
Bolkestein sur " les services dans le marché intérieur
" fournit la démonstration, confirmée par des experts
de tous bords, que l'application intégrale de cette " valeur
fondamentale " conduit à la disparition des services publics,
de nos systèmes de sécurité sociale et du modèle
européen de solidarité.
Avec cette Constitution,
c'est la fin de la capacité des pouvoirs publics locaux, régionaux
et nationaux de procurer des activités de service auxquelles
tous ont accès et dont les coûts sont mutualisés.
Et l'impossibilité de créer des services publics européens.
L'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) de
l'OMC pourra s'appliquer totalement sans que les Etats ne puissent s'y
opposer vu l'existence de cette Constitution.
D'autre disent que
cette constitution, pour la première fois, reconnaît les
services publics. Absolument pas ! Mensonges ! Ils le sont moins qu'ils
ne l'étaient auparavant... ! Pour le coup, le traité est
en retrait sur le traité d'Amsterdam. Le traité d'Amsterdam
considérait que les services publics étaient des valeurs,
comme la liberté, l'égalité. Mais le traité,
là, ne les reconnaît plus comme des valeurs, il dit : "
Les services d'intérêt économique général,
- il ne parle pas de services publics - auxquels les Etats attachent
de la valeur "... Ca n'a rien à voir ! Le mot y est, mais
il ne signifie pas la même chose. Ces services publics, dits "
services d'intérêt économique général
", sont subordonnés aux règles de la concurrence
dans le Traité, c'est-à-dire qu'on peut faire tous les
services publics que l'on veut, mais il faut qu'ils soient soumis à
la concurrence ! C'est-à-dire exactement l'inverse de ce qu'est
un service public qui n'est pas là pour concourir ou pour être
rentable, mais pour remplir des missions particulières !
Et le texte dit
: " La loi détermine les services publics " mais on
ne dit même pas comment cette loi va être votée.
Le traité est muet sur ce point capital ! Même avec le
traité d'Amsterdam où les services publics étaient
reconnus comme valeur, on a continué à démonter
les services publics. Alors là, quand ils ne sont même
plus reconnus comme valeur, il n'y a aucune raison de penser que quoi
que ce soit va changer !
5 - " Le traité constitutionnel va donner au Parlement européen
la capacité de prendre lui-même l'initiative de lois "
La Constitution
réduit à néant ce mensonge : Article I-26, 2 :
" Un acte législatif de l'Union ne peut être adopté
que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la
Constitution en dispose autrement. "
Le monopole de l'initiative
de la Commission est maintenu. Et la technique de la codécision
tant vantée par les partisans du " oui " a pour effet
que le Parlement européen ne peut modifier les textes soumis
par la Commission que si celle-ci marque son accord.
6 - " Le traité ne dit rien sur les orientations politiques
que l'Europe doit prendre à l'OMC "
L'article III-314
qui introduit la politique commerciale commune et donc notre rôle
à l'OMC, stipule : " l'Union contribue conformément
à l'intérêt commun, au développement harmonieux
du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions
aux échanges internationaux et aux investissements étrangers
directs et à la réduction des barrières douanières
et autres. "
On se trouve clairement
en présence d'un choix politique. Un choix politique dont même
la Banque Mondiale remet en cause, aujourd'hui, l'efficacité
pour la création d'emplois. Mais supprimer les restrictions aux
investisseurs qui ne supportent pas les lois sociales, les lois environnementales,
le respect des droits humains fondamentaux, c'est une exigence des organisations
patronales européennes.
Si la Constitution
est adoptée, il ne sera plus possible, comme l'a fait Jospin
en 1998 sous la pression des associations, des syndicats, du PCF et
des Verts, de dire que l'AMI doit être négocié non
pas à l'OCDE, mais à l'OMC. Comme, depuis, la négociation
a échoué à l'OMC, le patronat exige que l'AMI revienne
dans le cadre européen. D'où sa présence dans la
Constitution. On mesure ainsi l'incohérence de ceux qui ont combattu
l'AMI en 1998 et qui le soutiennent aujourd'hui.
7 - " Ce traité est le plus dynamique de tous les traités
européens ".
Invoquant ce que,
dans le jargon, on appelle les " clauses passerelles " et
les " coopérations renforcées ", certains prétendent
qu'ainsi la clause de l'unanimité peut être surmontée,
ce qui fournirait des opportunités d'avancées significatives.
C'est faux : dans tous les cas de figure, on retrouve d'une manière
ou d'une autre l'exigence de l'unanimité. Une réalité
s'impose : si cette Constitution est ratifiée, il sera impossible
de la modifier avant de très nombreuses années. Nos enfants
comme nos petits enfants auront à la subir.
8 - " la Commission va devenir le gouvernement démocratique
de l'Union "
Cette affirmation
est inexacte car les électeurs n'ont aucune possibilité
de sanctionner la Commission par leur vote, et le Parlement européen,
ni aujourd'hui, ni dans le cadre de la Constitution, ne peut imprimer
de choix politiques à la Commission. De plus, le droit de pétition
ne permet pas de modifier la Constitution puisque la commission en fera
ce qu'elle veut...
9 - " La victoire du " non " sera une victoire des USA
de George W. Bush ".
C'est exactement
le contraire ! Le traité, reprenant en cela les dispositions
de Maastricht, rappelle que la politique de défense commune éventuelle
doit être compatible avec les obligations des pays membres de
l'OTAN, c'est-à-dire que c'est l'OTAN qui donne le feu vert à
une politique de défense Européenne. Or l'OTAN, ce sont
les Etats-Unis. Qui détient la plus haute responsabilité
militaire à l'OTAN ? Un officier US. Qui est le chef suprême
de cet officier ? Le Président Bush qui espère la ratification
de la Constitution puisqu'elle consolide le lien de soumission des Européens
aux USA ARTICLE I,41,2 : " La politique de l'Union (...) respecte
les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord
pour certains Etats membres qui considèrent que leur défense
commune est réalisée dans le cadre de l'OTAN et elle est
compatible avec la politique commune de sécurité et de
défense arrêtée dans ce cadre " ARTICLE I,41,7
: " Les engagements et la coopération dans ce domaine [en
cas d'agression] demeurent conformes aux engagements souscrits au sein
de l'OTAN qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement
de leur défense collective et l'instance de sa mise en uvre.
"
10 - " Notre " oui " est un " oui de combat ""
(disent les partisans du " oui de gauche ")
Le " oui "
de combat, ce n'est rien d'autre qu'une promesse. Comme celle de Jacques
Delors qui, en 1992, promettait : " acceptez le traité de
Maastricht et nous ferons l'Europe sociale tout de suite après
"... Il y a treize ans... Ils nous disent "le texte n'est
pas franchement bon et il ne répond pas à nos attentes,
mais il faut l'adopter pour conserver les quatre ou cinq points positifs
qu'il contient ; quant au reste, nous allons nous battre, après
la ratification, pour l'améliorer ; notre " oui " s'inscrit
donc dans la perspective de ce futur combat". Raisonnement perverti
pour trois raisons, car :
1) nous pouvions
nous contenter d'un simple traité
2) cela revient
à dire : nous ne nous battons pas aujourd'hui contre ce texte,
mais rassurez-vous, nous nous battrons demain, une fois qu'il sera devenu
la Constitution.
3) ils savent pertinemment
qu'ils ne pourront pas modifier ce texte. La règle de l'unanimité
fige la construction européenne dans son état actuel.
Elle bloque toute espérance d'approfondissement avant de nombreuses
années.
Il faut donc se
donner le temps de discuter !
Une Europe solidaire
veut dire une Europe qui pratique la justice sociale, qui élève
le niveau de vie des plus démunis. Il faut répartir la
richesse autrement, il faut consacrer les ressources nécessaires
à la solidarité, et ce n'est pas le libre-échange
qui va faire ça, ce sont des investissements massifs dans les
infrastructures, dans la santé, dans l'éducation. Et donc
la perception de taxes globales, qui par définition toucheront
plus les riches que les pauvres... Ceci est totalement absent du projet
!
La solidarité
envers les générations futures, c'est se soucier de ce
que sera la planète dans un futur maintenant proche, ne pas gaspiller
l'énergie comme nous le faisons, bousiller les paysages et l'atmosphère.
Donc ça veut dire revenir sur l'absurdité de ces échanges
commerciaux tous azimuts ! Il faut tout remettre à plat en quelque
sorte, et c'est pour ça qu'il est indispensable de se donner
le temps de discuter, un an, deux ans, trois ans. Ca le mérite
! Pour repartir dans la bonne direction ! Or, c'est toute une construction
sociale qui est rendue absolument impossible par ce projet de Constitution.
A-J Holbecq
5 février 2005 http://tiki.societal.org
Compilation des argumentaires de Bernard Cassen (Emission Des Sous...et
des Hommes du 22 Octobre 2004 sur AligreFM), Yves Cochet (Question à
Assemblée Nationale) , Michel Husson (Rouge n°2092), Raoul
Marc Jennar (Indymedia), et moi-même.
Source : www.monde-solidaire.org
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2104
retour
sommaire
Faites l'effort de vous informer...
Plaidoyer pour
le "NON"
par Danielle Bleitrach.
11 février 2005
10 février 2005
Tous les jours, la télé, la presse vous inocule une vision
du monde complètement mensongère. Et cette vision n'est
que l'accompagnement idéologique d'une terrible répression
sur des peuples réduits à la misère et dont il
s'agit d'empêcher la rébellion... Non parce qu'ils sont
la proie d'une idéologie ou d'un fanatisme religieux mais parce
qu'ils n'ont plus les moyens de la survie...
Dans notre propre
pays, nous avons un think tank www.confrontations.org ( un groupe type
la fondation Saint Simon qui est chargé de se concerter pour
promouvoir des idées - voir ci-dessous des extraits ) qui regroupe
des députés de droite, socialiste et un communiste député
européen Francis Wurtz, le grand patronat, celui des entreprises
publique que l'on privatise, les sociétés d'assurance
comme AXA, des technocrates comme Lamy ou Davignon, des dirigeants de
la CGT au plus haut niveau comme Le Digou, et tout ce beau monde promeut
études, orientations, et aujourd'hui mène campagne pour
le "OUI" ou tentent de dévoyer le "NON",
de le technocratiser...
Les mêmes
expliquent soit qu'il faut accepter le "OUI" parce qu'il n'y
a pas d'autres choix que l'Europe, ou tentent de transformer le "NON"
en simple "NON" à une Constitution, en évitant
soigneusement d'expliquer que l'Europe telle qu'elle est ne peut qu'engendrer
une Constitution néo-libérale... Voire parlent de "démocratie"
syndicale violée, pour mieux interdire aux militants de la CGT
de prendre position, alors que la CSE a pris position pour le "OUI"...
Ou à la limite éviter de remettre en cause l'Europe elle-même
en technocratisant le débat... Cette orientation est à
l'uvre dans la CGT dans le PCF... Transformer la CGT en CFDT,
le PCF en PSU... Dites vous bien que vous priver d'organisations collectives
pour vous défendre est une des pires atteintes à la démocratie
et que les défendre c'est défendre votre salaire, votre
santé, l'éducation de votre enfant...
Ils ont même
le front d'intituler leur groupe de pression comité de "Lisbonne",
là où a été décidé la privatisation
d'EDF... Parce que leur hypothèse est d'accompagner les privatisations
avec un peu de "social", le pâté d'alouette,
un cheval, une alouette...
La presse, qu'elle
soit de droite ou de gauche, relaye soit les opinions gouvernementales,
soit celles de ces pseudos opinions de gauche, concoctées avec
le patronat, les autres n'ont pas droit à la parole, ils se débattent
sur internet. Pour vous tromper les uns utilisent les moyens du lion
dans les animaux malades de la peste, c'est la faute à l'âne
qui a tondu le pré, aux syndicats qui revendiquent, au pauvre
qui refuse la misère, à toutes ces forces "conservatrices"
qui s'opposent aux "réformes" nécessaires, ça
c'est Sarkozy, Raffarin... Mais il y a aussi les moyens du renard :
vous dessiner un cadre de pensée obligatoire (L'Europe, mais
aussi la sécurité, la lutte contre le terrorisme, l'obligatoire
alliance atlantiste comme garantie de paix), pour à l'intérieur
inventer des pseudos-solutions dites progressistes, comment articuler
une soumission totale au patronat, aux privatisations en dégageant
un peu de social, un peu de "régulation" ? Tout en
abandonnant les instruments nationaux de maîtrise... Comment donner
aux luttes le seul débouché d'élections avec alternance
sans alternative ?...
Tous prétendent
à "l'objectivité", transforment la politique
en "technique" à l'intérieur de laquelle des
"experts" dans une "grande réconciliation avec
le patronat", qui les finance abondamment, pensent pour vous...
Et vos choix n'en sont plus...
Il s'agit de savoir
si vous mangerez votre hot dog avec du ketch up ou de la mayonnaise,
mais ce seront toujours les mêmes marchands de saucisse... Il
n'y a plus d'alternative. Le cadre de l'opinion publique étant
ainsi posé, l'affrontement peut avoir lieu sur les rivalités
entre Chirac et Sarkozy ou entre Fabius et Hollande, les mêmes
marchands de saucisse, avec plus ou moins de ketch up... Celui qui dit
je ne veux pas manger de saucisse est un fou qui doit être censuré...
Quelqu'un qui viole "la démocratie"...
Mais un immense
espoir est en train de naître, partout les peuples résistent
et ici même le "NON" devient une ligne de partage, de
recomposition des forces organisées, de résistance populaire
et pas seulement à la Constitution... Les contre-feux politiciens
sont balayés...
Voilà ou
vous faites l'effort de lire, de vous informer, ou ne vous étonnez
pas demain de ce qu'il adviendra de ce monde, de la guerre ou de la
paix, de la destruction de votre environnement, de votre mise au chômage,
vous ou vos proches, de la pression sur vos salaires, sur votre santé,
sur l'école...
Il est possible
de résister, de savoir dire "NON", non seulement à
une Constitution, mais à ceux qui utilisent le mensonge ici comme
ailleurs pour rendre votre vie impossible. Ayez un peu de la force de
l'Indien des Andes qui s'oppose au pillage des ressources de son pays
par les mêmes, au prix de sa vie... Face à la mondialisation
capitaliste, il faut développer les solidarités, connaître
nos ennemis ici et sur la planète... C'est ça ou la mise
en concurrence, les délocalisations vers des peuples misérables
prêt à tout accepter et votre mise au chômage, les
"guerres préventives" pour piller, guerres qui ne réjouissent
que les marchands d'armes comme les patrons de presse, Dassault ou Lagardère...
Tout est désormais lié...
Danielle Bleitrach
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2072
retour
sommaire
Non au projet de traité
constitutionnel européen.
3 mars 2005
Par Jean-Claude
Deroubaix*, Groupe de recherche sur les acteurs internationaux et leurs
discours.
Le projet de traité
constitutionnel proposé par la Convention, modifié et
approuvé par le Conseil des ministres européens pose quantité
de problèmes pour l'ensemble de la vie sociale des peuples de
l'Union européenne. Que ce soit du point de vue du droit social,
du droit du travail, de la lutte contre la pauvreté ou des conditions
de travail et d'existence, ce traité est à proprement
parler imbuvable. Sur le plan constitutionnel et démocratique,
son statut et sa nature sont également fondamentalement critiquables.
C'est sur ces deux derniers aspects que porte essentiellement le présent
article.
Constitution ou
Traité :
La question de la souveraineté populaire
Une constitution
est un texte fondateur d'un État de droit. Elle prend sa source
dans la volonté du peuple de se donner un cadre de vie en société
réglé. C'est de l'expression de cette volonté que
naît la légitimité de la délégation
de souveraineté aux organes qui seront décrits dans la
constitution. C'est l'héritage principal de l'histoire politique
et sociale des plusieurs siècles de lutte. En cela les constitutions
s'écartent des Chartes octroyées par un gouvernant dont
la souveraineté trouvait une source mythique ou divine.
Selon l'article
1 du projet, le traité constitutionnel est " inspiré
de la volonté des citoyennes et citoyens " mais le reste
de l'article ne parle plus que d'États membres. La source de
souveraineté est floue. Si de fait ce sont les États qui
sont à la source du fondement constitutionnel puisqu'ils attribuent
les compétences, le peuple ne faisant qu'inspirer, encore faudrait-il,
pour un semblant de démocratie que ces États aient reçu
un mandat (populaire) explicite de faire une constitution. On verra
qu'il n'en est rien. En ce sens nous sommes très éloigné
d'une constitution mais plus proche d'un traité international
normal, négocié et signé entre États. La
Convention qui a rédigé ce texte est un organe non élu,
dont les membres ont été désignés par les
États, sans élection. Par exemple le vice-président
de cette convention M. Dehaene, était un élu communal
de Vilvoorde ! Quelle était sa légitimité européenne
et démocratique à rédiger une constitution pour
450 millions de personnes ? Les parlements nationaux n'ont pas été
en tant que tels associés aux travaux. Certes la Belgique a demandé
au Sénat et à la Chambre d'envoyer des représentants
mais ceux-ci n'étaient pas toujours des élus fédéraux
(M. Di Rupo, par exemple). Quel était en fin de compte leur lien
démocratique avec la population européenne ? En outre
le fonctionnement de la Convention a été tout sauf démocratique,
un présidium prenant des décisions qui n'ont même
pas été soumises au vote de l'assemblée.
Les droits et les
devoirs du citoyen
Une constitution
définit les droits et les devoirs du citoyen, du membre de la
société politique dont procède la légitimité.
Le traité
constitutionnel reprend comme définition des droits des citoyens
le texte de la Charte des droits fondamentaux et, dans quelques articles,
le contenu d'une citoyenneté européenne distincte de la
citoyenneté nationale. Cette charte, cela a déjà
été abondamment démontré est en retrait
tant par rapport aux constitutions des États membres mais aussi
par rapport aux conventions des droits de l'Homme que ce soit la Charte
de l'ONU ou la Convention du Conseil de l'Europe (1). En outre un protocole
d'interprétation de la charte restreint encore le peu de droits
" concédés " aux citoyens (2). Les droits politiques
attachés à la citoyenneté sont : la liberté
de circuler et de s'établir dans chaque pays membre, le droit
de vote et d'éligibilité au parlement européen
et au niveau local (on évite de donner le droit de vote au niveau
où peut encore s'exercer un semblant de contrôle démocratique
!), le droit de pétition, et celui de s'adresser aux organes
de l'UE dans sa propre langue et de recevoir une réponse dans
sa langue (ce que n'accomplit déjà plus l'Union actuelle,
cf. nombreuses informations en anglais uniquement, etc.)
Séparation
des pouvoirs et contrôle
Une constitution
décrit les organes qui vont diriger la société.
Une constitution démocratique veille à ce que ces organes
soient contrôlés par le peuple, et que les fonctions de
faire les lois, de les mettre en uvre, et de juger les écarts
éventuels soient exercées par des organes distincts :
le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir
judiciaire. Les pouvoirs dont les membres sont des élus directs
disposent évidemment de la plus grande légitimité
(parlements, parfois présidence de la République, comme
en France).
Or, les organes
de gouvernement que prévoit le texte de traité ne sont
pas contrôlés. Les pouvoirs du parlement européen,
seule instance élue, sont ridicules par rapport à ceux
du Conseil des ministres. Il est autorisé à co-décider
dans certains domaines. Mais une co-décision est-elle une forme
de contrôle de l'exécutif ? ou le moyen de sceller une
complicité entre exécutif et parlement ? Il ne dispose
toujours pas du droit d'initiative législative, il ne légifère
que sur ce que veut bien lui proposer la commission européenne.
Cette dernière est un organe non-démocratique, bureaucratique,
qui ne représente rien ni personne. Ses membres sont désignés
par les gouvernements des États membres. Ce sont en quelque sorte
des experts et comme tels irresponsables. Certains arguent que le fait
que des gouvernements les ont désignés est un gage démocratique
: sachant que les membres des gouvernements ne sont généralement
pas des élus directs, que leur légitimité est limitée
au mandat que leur donne leur constitution nationale et leur parlement,
que seul ce dernier est généralement composé d'élus,
leur part de légitimité est donc fort indirecte, pas plus
grande que celle de n'importe quel fonctionnaire belge nommé
par le gouvernement. Mais ce fonctionnaire est autrement mieux contrôlé.
Le Conseil des ministres comme son nom l'indique réunit des ministres
nationaux, il dispose de l'essentiel du pouvoir législatif de
l'Union. Son mode de fonctionnement a été largement critiqué,
la constitution n'y change pas grand chose.
Une modification
est importante, ses débats seront désormais publics lorsqu'il
agira en tant que législateur. C'est important car la publicité
des débats est évidemment un gage de démocratie.
Pour le reste, il s'agit d'un organe qui agit sans contrôle puisque
le parlement européen ne peut le censurer et que le contrôle
des parlements nationaux est morcelé en autant d'États
que comporte l'Union. Les ministres ont d'ailleurs beau jeu de répondre
aux interrogations des parlementaires nationaux en rappelant que ce
qu'ils font au conseil ne relève plus du contrôle parlementaire
national. Cela ne changera pas. Un exécutif formé d'une
commission de fonctionnaires irresponsables et d'un conseil qui se rend
incontrôlable, un législatif composé de la même
commission (à l'initiative des lois européennes), du conseil,
et pour certains domaines du parlement européen. On est loin
d'une quelconque séparation démocratique des pouvoirs
et de l'organisation d'un contrôle démocratique de l'exercice
des pouvoirs européens.
En outre et c'est
extrêmement important, le traité coule en forme de décision
constitutionnelle le dogme de l'indépendance de la Banque centrale
européenne. Ceci signifie que nous devrions parler d'un quatrième
pouvoir : la Banque centrale, qui n'est contrôlée par aucun
organe démocratique ni de l'Union, ni des États membres.
La Banque dont le seul objectif est d'empêcher l'inflation monétaire
dispose d'un droit exclusif à la politique monétaire,
un des droits constitutifs de la souveraineté, sans aucun contrôle.
Cela revient d'ailleurs à lui donner une capacité de contrôle
exorbitante sur les politiques économiques de l'Union et des
États membres ! C'est la seule construction régionale
ou nationale qui admet une telle dépendance du politique par
rapport aux " experts financiers " !
Le statut de Constitution
Une Constitution
est supérieure en droit aux lois et règlements qui sont
pris en vertu des dispositions constitutionnelles. Elle qui contient
des principes que les lois mettent en uvre. Elle doit pouvoir
être révisée, mais s'agissant d'un pacte fondateur
d'une société, cette révision doit se faire plus
difficilement que la modification d'une simple loi afin de garantir
que le fonctionnement même de la société politique
ne soit modifié qu'avec l'approbation du peuple, et non d'une
fraction de celui-ci. En Belgique cela impose qu'il y ait des élections
entre la décision de modifier quoi que ce soit dans la constitution
et l'examen par le parlement de la modification. En France, on peut
recourir au référendum.
La hiérarchie
des normes est explicite dans le texte du traité : le traité
constitutionnel agit comme une constitution il est supérieur
aux lois européennes et aux lois-cadre européennes. Mais
qu'en est-il des lois nationales et des constitutions nationales ? Par
un coup d'Etat " soft " qui est passé inaperçu,
en réalité, toutes les constitutions européennes,
par le biais de décisions de la Cour de justice de Luxembourg,
sont déjà considérées comme des sources
de droit inférieures aux lois européennes (directives),
alors qu'aucune des nations qui constituent l'UE n'ont explicitement
abdiqué la supériorité de leur Constitution. Le
projet de traité " constitutionnel " en mettant en
avant son aspect constitutionnel tend à couler définitivement
dans le bronze ces décisions de la Cour de Justice. Le "
législateur ", le constituant, national, qui fonde la légitimité
de la loi sur le peuple, abdique devant les juges européens,
qui ne sont en fait que des experts du droit communautaire (3).
Publicité
Les lois, et donc
surtout la Constitution, la loi fondamentale, doit être connue
de tous les citoyens. C'est le présupposé de la capacité
sociale donnée au juge de condamner des infractions. On ne peut
enfreindre une loi que l'on ne connaît pas ou à laquelle
on n'a pas accès (4).
Les constitutions
nationales qui donnent les moyens de comprendre le fonctionnement général
des démocraties nationales sont généralement des
textes brefs, assez clairs. La prétendue constitution européenne
est un texte flou, long, très long, et qu'on ne peut comprendre
sans ses annexes. Au total, une constitution qui est près de
15 fois plus longue que la constitution de la République française.
L'aspect hybride
de ce texte de traité constitutionnel n'est pas le fruit d'un
hasard mais d'une nécessité politique:
Si c'est un traité, il suffit de le faire ratifier par les États
membres comme une loi ordinaire de ratification de traité international,
on évite les procédures lourdes de modification ou d'innovation
constitutionnelles.
Si c'est une constitution, alors elle prévaudra sur les lois
et constitutions nationales.
Un " traité
constitutionnel " est donc une tentative de détournement
des procédures démocratiques par un jeu de mots. Ce traité
révise les constitutions nationales du fait de la " primauté
accordée au droit européen sur les droits nationaux, mais
il sera adopté (ratifié) par les parlements belges à
la majorité simple, court-circuitant ainsi toutes les procédures
démocratiques de révision de la constitution !
Constitution ou
programme politique ?
Ce Traité
contient un Titre 3 explicitement intitulé " Les politiques
et le fonctionnement de l'Union ". Que vient faire dans une constitution
un programme politique ? C'est du jamais vu. Le programme est d'ailleurs
explicitement énoncé à l'article III-69 : "
...l'action des États membres et de l'Union comporte, dans les
conditions prévues par la Constitution, l'instauration d'une
politique économique fondée sur l'étroite coordination
des politiques économiques des États membres, sur le marché
intérieur et sur la définition d'objectifs communs, et
conduite conformément au respect du principe d'une économie
de marché ouverte où la concurrence est libre ".
(...) Cette partie soulignée est un leitmotiv du Titre III. En
fait toutes les autres politiques de l'Union et des États membres
sont subordonnées à ce credo libéral. Et par exemple,
si l'objectif " d'un niveau élevé d'emploi est pris
en compte dans la définition et la mise en uvre des politiques
et des actions de l'Union " (Article III-99) ce sera néanmoins
dans le respect du principe d'une économie de marché ouverte
où la concurrence est libre, car celui est un principe à
suivre obligatoirement et l'autre n'est qu'un objectif qui ne peut contredire
le principe de libre concurrence.
La politique sociale
doit être menée dans " la nécessité
de maintenir la compétitivité de l'économie de
l'Union " (article III-103), elle est donc constituée d'objectifs
subordonnés au principe du libre marché. " La politique
de l'Union dans le domaine de l'environnement vise un niveau de protection
élevé " (Article III-131) il s'agit donc d'un objectif
pour lequel des mesures peuvent être prises mais : " Ces
mesures doivent être compatibles avec la Constitution " (Article
III-131), c'est-à-dire respecter le sacro-saint principe du libre
marché qui ne supporte pas d'entraves.
Il en va de même
pour l'ensemble des politiques qui sont systématiquement soumises
au strict respect du marché libre, du capitalisme.
Cet aspect là
du traité dépasse largement ce qui se trouve dans une
constitution. Loin de régler un fonctionnement des institutions,
le traité institue une politique contraignante sous forme de
dogme.
Le suffrage universel
est nié. Pourquoi voter pour des partis, des hommes et des programmes
politiques, si le programme politique est déjà figé
pour " un temps illimité " par le traité. Il
ouvre ainsi une véritable autoroute au vote d'extrême droite
puisque les partis " traditionnels " ne pourront plus avoir
de programmes politiques autres que celui de la partie III du traité,
tous identiques, sans possibilité de changer !
Non au traité
" contre " Oui au traité
À gauche et
chez les écologistes, certains des éléments du traité
font hurler, que ce soit des dispositions institutionnelles (" déficit
démocratique ", impuissance du parlement européen,
etc.), des dispositions portant sur les valeurs démocratiques et
les droits collectifs (la charte sociale marque une régression
par rapport à la déclaration des droits de l'homme de l'ONU,
à la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme
et aux dispositions constitutionnelles et légales de nombreux États
membres), des dispositions entraînant par effet automatique la fin
des services publics (financement tari par les politiques de stabilité
et de déficit zéro de la banque centrale et par les pressions
à la baisse des impôts, mise en concurrence systématique
avec les services privés dérégulés par la
directive Bolkestein) et pourtant cela n'aboutit pas à un NON franc
et massif des partis socialistes et écologistes.
Certains préconisent
le " oui " de combat.
Il s'agit d'une
position insensée.
Ils disent " acceptons le traité sinon il y aura un vide
juridique, ou une impossibilité de fonctionner à 25, ou
la fin de l'Europe et de la paix, le chaos ! Ensuite, nous améliorerons
ce traité et corrigerons son aspect peu social. ". Qu'en
est-il ?
le traité
" constitutionnel " est un traité international. Les
parlements nationaux ne peuvent dire que " oui " ou "
non " il n'est pas question d'amender ce projet. Le combat pour
l'amélioration (" oui de combat ") n'aura donc pas
lieu dans les parlements nationaux. Il s'agit du dernier avatar de la
diplomatie secrète, les gouvernements (le Prince) négocient
les traités, discrètement, les parlements n'ont le droit
de les connaître que lorsque le traité est signé
et alors ils peuvent ou non le ratifier mais sans changer une virgule
au texte.
le combat peut-il avoir lieu au Parlement européen ? Non, car
la modification du traité constitutionnel n'est pas réellement
du ressort du Parlement européen. Celui-ci pourra proposer une
révision (Article IV-7), il sera consulté par le Conseil
européen. Mais c'est exclusivement ce dernier qui décidera
ou non de convoquer une convention pour réviser le traité,
cette convention elle-même " adopte par consensus "
(c'est-à-dire à l'unanimité, une recommandation
de révision adressée à une " conférence
des gouvernements qui amendera éventuellement la constitution,
qui devra ensuite être ratifiée par les États membres.
Hormis le droit d'initiative (sous tutelle du Conseil) et le droit d'être
consulté au début de la procédure, le Parlement
européen est hors jeu ! On ne s'y battra donc pas vraiment !
certains voient dans le droit de pétition garanti à l'article
II-46 et à l'article III-236 la possibilité pour des citoyens
ou des groupes de citoyens de pousser à une révision de
la constitution, à condition de réunir un million de signatures.
Cependant cette pétition est adressée à la Commission
européenne. Il est exclu par le texte que cette pétition
puisse concerner la modification de la Constitution, elle ne peut viser
qu'à améliorer l'application de la Constitution en restant
en outre dans le cadre des compétences de l'Union sans pouvoir
les étendre. Cerise sur la gâteau : la Commission est libre
de tenir compte ou non de ces recommandations. Beaucoup d'efforts donc
pour récolter des signatures, et les soumettre à l'arbitraire
du Prince, de la Commission.
La conclusion est claire : s'il faut se battre, c'est maintenant, car
: " Le présent traité est conclu pour une durée
illimitée " (Article IV-7).
La seule question
qui se pose est : " oui " ou " non " acceptons-nous
ce traité ? il n'y pas de place pour un oui, mais... ou un oui
de combat. D'ailleurs il y a une certaine schizophrénie à
vouloir empêcher la directive sur les services (Bolkestein) ou
la signature de l'AGCS et à dire oui au projet de traité
constitutionnel qui renforce la légitimité de l'Union
à adopter ces deux textes plus que libéraux ! La cohérence
intellectuelle, politique et sociale mène à une position
unique : Non à l'AGCS, non à la directive Bolkestein et
non au projet de traité " constitutionnel " européen.
Le chaos ? Le projet
ne change pas grand-chose à la gestion de l'UE, les règles
actuelles (traité de Nice) restent d'application, les institutions
disposent déjà de leur statut, d'ailleurs la mission attribuée
à la Convention excluait explicitement toute extension de champ
de compétence, toute modification profonde du fonctionnement
institutionnel. La plus grande innovation est l'inclusion des politiques
néo-libérales comme dispositions constitutionnelles et
non plus comme politiques sujettes à discussion. Donc si on vote
" non " il n'y aura aucun vide juridique, ni impossibilité
d'agir et de décider (5). Mais on pourra plus efficacement contester
toutes ces politiques anti-démocratiques et anti-sociales.
Dire non au traité
c'est dire non à l'Europe qui nous a garanti la paix depuis 1958.
C'est un peu rapide : l'Irlande du Nord et le Pays basque espagnol nous
montrent que la paix intérieure est loin d'être acquise,
sans oublier Chypre. La paix aux frontières est tout aussi instable
: l'ex-Yougoslavie en est un exemple mais la question kurde en Turquie
pourrait en fournir un autre. L'UE et son marché intérieur
libre ne sont pas des garanties de la paix. La libéralisation
des marchés, parfois appelée mondialisation, parce qu'elle
entraîne la paupérisation est au contraire la source de
la renaissance des communautarismes et des guerres civiles. La démocratie,
la vraie, celle qui manque tant au projet européen, est au contraire
un espoir de résolution pacifique des conflits. Alors une constitution
pour l'Europe, pour la paix et la démocratie, pourquoi pas ?
mais pas cette mascarade de projet de traité constitutionnel.
* Dr en sciences
du langage, lic. en sociologie, membre du Groupe de recherche sur les
acteurs internationaux et leurs discours (GRAID, Inst. de sociologie,
ULB), membre de l'association belge de sciences politiques (Com. Française)
Notes :
(1) En effet, même
si l'UE adhère à la convention européenne de sauvegarde
des Droits de l'Homme, ce n'est que dans le cadre limité de ses
compétences ; en outre, les droits parfois largement définis
dans la Charte, sont restreint par l'imposition par le présidium
d'interprétations très restrictives, Cf. Déclaration
n°12 annexée au traité, les déclarations annexées
font en réalité intégralement partie du traité
et ont même valeur.
(2) Rosa Moussaoui,
" La face cachée de la constitution ", le Web de l'Humanité,
14 décembre 2004.
(3) Une sociologie
des juges et de leur mode de désignation serait évidemment
à faire, conjointement à une sociologie des " experts
européens " en tous genres.
(4) C'est pour obtenir
ce droit à connaître les lois qui régissaient la
cité de Rome qu'eut lieu la première grève politique
connue de l'histoire : seuls les patriciens possédaient les textes
de la loi romaine, les membres du peuple étaient donc condamnés
au nom de lois dont ils ne pouvaient avoir connaissance. Il se retira
sur l'Aventin, une des collines de Rome, bloquant la société.
Il obtint la publicité des lois. (Cf. Norbert Rouland, Rome démocratie
impossible, Actes Sud)
(5) Si chaos il
devait y avoir à cause du rejet de ce traité " constitutionnel
", nous serions déjà dans une situation chaotique
! L'Union fonctionne aujourd'hui sur la base du traité de Nice
et peut continuer à fonctionner ainsi . Le rejet du traité
" constitutionnel " ne rendra pas la situation pire. Par contre,
son acceptation n'augurera rien de meilleur dans le fonctionnement mais
une dégradation des droits de l'homme, des droits sociaux collectifs
et individuels et des conditions de vie des populations européennes.
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=211
retour
sommaire
Pourquoi le projet
de Constitution Européenne est-il un piège pour les femmes
d'Europe Centrale et Orientale ?
par Monika Karbowska.
11 mars 2005
Voici 13 ans que les pays d'Europe Centrale et Orientale détruisent
leurs bases sociales et économiques pour adapter leurs sociétés
et leurs économies aux dogmes ultralibéraux les plus intégristes.
Après l'abolition du communisme en 1989, les sociétés
d'Europe Centrale ont recherché une troisième voie économique
et sociale dans une sorte d'économie de marché contrôlée
et mise au service du développement des structures sociales et
de la démocratie. Mais 3 ans plus tard, les élites de
ces pays ont décidé d'appliquer à la lettre les
programmes politiques ultralibéraux de l'OCDE en échange
de l'annulation de leur dette colossale. Je rappellerais ce que cette
politique a entraîné sur l'exemple de la Pologne, mais
le même modèle a été appliqué partout
ailleurs des pays Baltes jusqu'en Macédoine.
La privatisation
de pans entiers de l'économie, en particuliers des industries
et des services les plus rentables et lucratifs, s'est traduite dans
les années 90 par un chômage sans indemnités ni
possibilité d'une reconversion. Ces licenciements ont causé
un choc psychologique immense et entraîné un grand désespoir.
Le chômage est devenu structurel malgré une croissance
élevée entre 1995 et 2000, due généralement
aux délocalisations des industries d'Europe Occidentale en Europe
Orientale et à l'implantation massive des multinationales au
détriment des acteurs locaux. En Pologne il est actuellement
de 16 % de la population active pour 38 Millions d'habitants ! Il s'agit
toujours d'un chômage sans indemnités, celle-ci n'étant
que de trois mois.
Les programmes économiques
ultralibéraux ont entraîné la destruction de l'économie
de régions entières minées par ce chômage
massif. De ces régions sinistrées sont issus les centaines
de milliers de travailleurs polonais dans l'Union Européenne.
Ils travaillent majoritairement dans le bâtiment pour les hommes
et dans les soins aux personnes pour les femmes, le plus souvent illégalement
malgré l'adhésion à l'Union, car la plupart des
pays n'accordent pas le droit au travail aux citoyens des pays entrants.
Le sous-investissement
chronique est la cause de l'indigence des services publics tels que
santé et éducation dont le niveau de prestations est très
bas, de même que les salaires dans ce secteur malgré les
compétences des travailleuses. Car ce sont les femmes qui occupent
à 90% les emplois d'enseignantes, de médecins etc. Il
en va de même pour la culture qui ne subsiste qu'avec des soutiens
privés selon le modèle américain prédominant.
La destruction de
la rentabilité de l'agriculture familiale est due à la
soumission de celle-ci aux prix mondiaux entre 1991 et 1998. C'est bien
sûr aussi la raison de la désertification de régions
entières et de la fuite des jeunes vers les villes ou à
l'étranger en quête d'un hypothétique travail de
femme de ménage ou d'employée de MacDo. Alors que 35%
de la population habite à la campagne, elle n'y survit que grâce
à l'économie agricole domestique de subsistance.
L'ingérence
massive et continue de l'Eglise Catholique dans la vie politique en
Pologne est tellement visible qu'on peut parler d'absence de démocratie
dans ce domaine. C'est ainsi que la laïcité a disparu avec
le Concordat de 1995, le mariage civil a été limité
par le mariage concordataire, l'avortement a été interdit
en 1993. L'Eglise possède un énorme pouvoir économique
du fait de ses privilèges fiscaux. Elle a aussi le droit de faire
sa propagande politique non seulement via les partis qu'elle crée,
via sa presse, sa radio et sa télévision, mais aussi directement
dans les lieux de cultes pendant ou après les offices religieux
où elle appelle à voter pour ses candidats. Enfin, elle
s'immisce dans l'éducation des jeunes du fait de sa participation
aux conseils de classes dans les écoles publiques par le biais
de l'enseignement du catéchisme introduit en 1989. Elle influence
aussi les politiques publiques en matière de contraception et
de prévention du sida.
De ce fait elle
entretient, de concert avec les partis d'extrême droite très
virulents qu'elle n'a jamais désavoué, un climat très
homophobe. Des manifestions LGBT ont été interdites dans
certaines villes ou lynchées par les militants d'extrême
droite comme à Poznan en 2004 sans que la police intervienne.
Dans un pays où un appel public au meurtre tel que " les
lesbiennes au bûcher " ou " les féministes doivent
être traitées à l'acide " est considéré
comme une opinion respectable, l'Eglise entretient ce climat d'hostilité
vis à vis de ce qu'elle appelle " la culture de la mort
". Et " la culture de la mort ", ce sont des droits des
femmes, le droit à l'avortement , le droit des individus non-mariés
ou les droits d'opinion des athées et agnostiques.
Pourquoi
dans cette situation le projet de Constitution Européenne est-il
néfaste pour l'évolution de l'Europe Centrale ?
Ce projet est tout
d'abord néfaste parce qu'il ne mentionne pas la laïcité.
Il s'avère, selon ce projet, que la laïcité ne fait
partie ni des valeurs, ni des objectifs ni des bases de la construction
de l'Union Européenne. Ce principe serait pourtant indispensable
pour contrecarrer l'influence exorbitante de l'Eglise et empêcher
des aberrations délirantes telles que la présence du chef
de l'Eglise Polonaise aux cérémonies publiques ou ses
interventions au parlement pour influencer les votes. Récemment
l'Eglise a mené une vaste campagne de propagande et a multiplié
les pressions sur le gouvernent socialiste pour obtenir qu'il limoge
Magdalena Sroda, ministre de l'égalité femmes-hommes,
coupable d'avoir affirmé dans une interview à un journal
suédois que le modèle familial patriarcal prôné
par l'Eglise favorise la violence domestique des hommes sur les femmes
!
Une redéfinition
du religieux dans un sens restrictif comme affaire privée serait
aussi utile pour limiter la propagande politique de l'Eglise dans les
lieux de cultes en guise de sermons pendant la messe. Ce serait également
bon pour l'Europe que l'Eglise n'hésite pas à vilipender
à tout bout de champ pendant les sermons comme étant responsable
de la " culture de la mort " !
Le silence total
du projet de Constitution sur les droits reproductifs et l'IVG à
côté du " droit à la vie " est de très
mauvais augure pour ce droit fondamental des femmes. Dans le pire des
cas, cette omission permettra notamment à l'Eglise d'utiliser
les moyens de pressions dont elle dispose pour faire du lobbing antiavortement
au sein de l'UE. Si cette offensive échoue, ce qu'on espère
toutes et tous, les Polonaises, les Irlandaises, les Portugaises et
les Maltaises resteront pour longtemps des Européennes de seconde
catégorie privées de la liberté essentielle de
disposer de leur corps. Cette inégalité de traitement
au sein de l'Union Européene est intolérable et met immédiatement
en doute tous les objectifs affichés d'égalité,
de solidarité ou de démocratie.
Le projet de Constitution
ne parle d'égalité femme-homme que de façon très
générale et uniquement dans le cadre (II-83) de l'emploi,
du travail et de la rémunération. De droits à la
contraception, à l'avortement, point. Rien non plus sur les violences
sexistes qui sont un fléau dans tous les pays européens.
Rien non plus sur la prostitution quand on sait qu'elle affecte en majorité
les femmes d'Europe de l'Est paupérisée ! Nulle part de
trace de parentalité non plus : il n'y a que la maternité
qui est protégée et la femme invitée à concilier
vie privée et professionnelle ! (II 93-2)
L'article II 69
garantie le droit au mariage mais ne mentionne nul part le droit au
divorce. Ceci est très préoccupant quand on sait que l'Eglise
fera tout pour finir par introduire des limitations de ce droit en attendant
de l'abolir comme à Malte. Le mariage concordataire imposé
en Pologne en est le premier pas. Même si le divorce civil existe
encore, l'Eglise se sert de ce mariage dont elle gère les registres
pour empêcher les gens de divorcer en les stigmatisant. L'union
libre et le pacs ne sont pas mentionnés dans le projet de constitution
européenne. Comme ils n'existent pas juridiquement, ils ne bénéficient
pas de protection au contraire du mariage. Connaissant la pression qu'exerce
l'Eglise pour le mariage et la stigmatisation des célibataires
et du concubinage, il est clair que l'UE aurait pu apporter plus de
liberté individuelle aux sociétés traditionnelles
d'Europe Centrale. Mais il n'en sera rien grâce à la future
Constitution Européenne, alors que cela serait si important dans
des sociétés sacralisant le mariage. En effet, la Constitution
polonaise, votée en 1997 selon les critères d'exigence
de l'UE afin de permettre le début des négociations d'adhésion
en 1998, mentionne le droit au mariage et la protection de la famille
pas moins de 3 fois !
C'est pour cette
même raison que le droit de vivre en union homosexuelle devrait
être clairement affirmée afin d'éviter que des homosexuel/les
soient attaquées suite à la propagande de l'Eglise et
de l'extrême droite déversée quotidiennement dans
leurs médias et dans les lieux de cultes.
La Constitution
Européenne serait en deçà même de la Constitution
Polonaise en ce qui concerne la scolarité obligatoire, elle ne
fixe en effet aucun âge alors que la Constitution Polonaise le
fixe à 18 ans. Cette omission permettrait à la longue
d'introduire le travail des adolescents via l'apprentissage, cher aux
ultralibéraux, alors que les sociétés d'Europe
Centrales sont très attachées à l'éducation
et soucieuses de permettre à leurs enfants une scolarité
aussi longue que possible. Selon un sondage de mai 2004, la première
valeur des Polonais reste l'instruction, loin après l'argent
et la religion !
Enfin, le projet
constitutionnel constitue une menace réelle pour l'agriculture
familiale polonaise qui assure la subsistance de centaines de milliers
de familles. Ces micro-exploitations assurent au moins l'autosuffisance
alimentaire et sont largement l'uvre des femmes. En effet, la
Constitution Polonaise stipule que la base sociale de l'agriculture
est l'exploitation familiale, ce qui est complètement étranger
aux valeurs de l'UE libérale dans laquelle le but de l'agriculture
est (III 227) la productivité agricole et la baisse des prix
! Ceci est donc incompatible avec cette économie de subsistance
et avec le développement durable. L'objectif de l'UE est-il la
disparition de la paysannerie polonaise et sa transformation en main
d'uvre " adaptable " entassée aux portes des
mégalopoles dans des banlieues-gettos ? Les paysans polonais,
qui ont combattu victorieusement contre la collectivisation stalinienne,
ne vont certes pas se laisser faire, au risque de nouer des alliances
avec l'extrême droite hostile à l'Europe et de se faire
manipuler par l'Eglise dans sa croisade " contre la culture de
la mort ". Ce risque est un danger mortel pour les droits des femmes
et pour la démocratie en général !
Ce qui est tragique,
c'est que l'ultralibéralisme et la mainmise du religieux sur
le politique sont allées tellement en loin en Europe Orientale
que le projet de Constitution Européenne risque de paraître
un progrès face aux destructions déjà opérées
avant l'adhésion à l'UE. Notamment de nombreuses féministes
escomptent que la Constitution les aidera à améliorer
les droits des femmes et pensent que la sacralisation des dogmes ultralibéraux
n'est qu'un petit prix à payer pour obtenir ces droits, prix
qui a déjà été payé par l'Europe
Centrale avant l'adhésion. Vivant dans une culture ultralibérale
depuis 15 ans, ayant consenties à d'immenses sacrifices pour
l'adhésion à l'Union, elles conçoivent mal que
le projet de Constitution Européenne soit un outil de destruction
de droits des femmes en Europe Occidentale, notamment de leurs droits
sociaux.
Voici quelques exemples de régression politique en Europe
Centrale et Orientale qui risquent de faire paraître le projet
libéral européen comme progressiste et social.
L'article II 70
du TCE qui donne le droit de manifester collectivement sa religion en
public est déjà inscrit dans la Constitution polonaise.
(Art 52.2). Mais il est assorti dans cette constitution du droit à
l'enseignement de la religion dans les écoles publiques ce que
le projet européen ne mentionne pas aussi explicitement. Cela
peut donc paraître un progrès aux yeux des Polonaises !
Par rapport au
droit au mariage, l'article II 69 peut aussi paraître un progrès
puisqu'il ne mentionne pas le sexe des parties contractantes contrairement
à la Constitution Polonaise qui dit explicitement qu'il s'agit
d'un homme et d'une femme. Il n'est donc pas étonnant que les
lesbiennes et gays polonais comptent sur l'UE pour reconnaître
leurs droits puisqu'il faut une révision de la constitution pour
leur garantir le droit au mariage en Pologne !
Ils et elles comptent
aussi sur l'article anti-discrimination (III 124) pour lever ces obstacles
sans prendre garde qu'à 25 pays dont 10 d'Europe Centrale avec
les mêmes hostilités ouvertes vis à vis de l'homosexualité,
l'unanimité sera pratiquement impossible.
Comme la Constitution
Polonaise ne connaît plus le droit au travail, à peine
" le libre choix et exercice d'une profession ", le "
droit de travailler " du projet constitutionnel européen
apparaît comme un progrès !
C'est la même
chose pour les services publics d'intérêt général
: comme il n'y a plus de notion de service public dans la Constitution
Polonaise, les SIEG représentent alors un progrès social....
Un article très
important stipule que les restrictions à la liberté de
travailler et de s'établir dans l'Union pour les citoyens de
l'Union doivent être levées par les Etats (III 134). C'est
en échange des restrictions à l'émigration de leurs
travailleurs que les 10 pays entrants ont obtenu quelques aides structurelles
ou les subventions agricoles tant convoitées. Il est évident
que pour des pays dont le chômage frise des 20% de la population
active, cet article est une bénédiction. Les Etats se
débarrasseraient ainsi à bon compte de leurs chômeurs
en les incitant à chercher un hypothétique travail "
en Occident " et éviteraient de mettre en uvre des
politiques d'aide à l'emploi aujourd'hui inexistantes. Pour les
citoyens concernés, cette mesure leur apparaît comme une
justice rendue après des décennies d'humiliation infligée
par " l'Europe forteresse ". L'idée de mettre fin au
double standard européen selon lequel " ceux de l'Ouest
ont le droit de s'installer à l'Est, mais ceux de l'Est ne sont
bons que pour le travail au noir " est très forte dans cette
opinion publique et ce projet constitutionnel sera encore une fois pour
cette raison perçu comme une avancée vers l'égalité.
Personne n'informe vraiment les citoyens d'Europe Centrale et Orientale
du chômage en Europe Occidentale. Personne ne les mets en garde
contre la loi capitaliste qui veut que l'afflux de main d'uvre
immigrée massive et bon marché contribue à faire
baisser les salaires et entraîne l'appauvrissement de tous les
travailleurs. Seule la solidarité entre les travailleurs d'ici
et de là-bas ainsi qu'une politique industrielle et agricole
durable et européenne digne ce de nom pourraient freiner cette
course vers la dégradation des conditions de vie de tous.
13 ans de politique
ultralibérale en Europe Centrale et Orientale ont creusé
un fossé culturel entre Est et Ouest qui paraît aussi grand
que du temps de la guerre froide... L'érosion des droits sociaux
y a été telle qu'on voit mal comment une communauté
d'intérêt entre les travailleurs des deux parties de l'Europe
pourrait bien se faire. Pour sauvegarder quelques principes généraux,
les travailleurs d'Europe Centrale sont prêts à sacrifier
les droits de ceux de l'Europe Occidentale. Le tout sous le chantage
permanent d'une extrême droite violemment anti-européenne
au nom de certains principes nationaux parfois justifiés. De
même les femmes, opprimées par la politique du Vatican,
sont également prêtes à sacrifier les droits sociaux
de leurs consurs occidentales au nom d'une hypothétique
égalité des droits que l'Europe ne leur garantie pourtant
pas dans le domaine essentiel, les droits reproductifs.
Cette contradiction
est largement le fruit de l'absence de débats au sujet de la
pertinence de la construction européenne. Il est temps que nous,
citoyens d'Est et d'Ouest, prenons enfin part aux décisions qui
nous concernent tous. Une première contribution urgente au débat
est de refuser cette Constitution inique, ultralibérale et conservatrice.
Monika Karbowska
vit en France. Elle est restée en contact avec les militantes
et les militants de son pays. Ici, elle fait partie d'un groupe de jeunes
altermondialistes intitulé : " alternatives féministes"
qui a animé une rencontre de jeunes femmes altermondialistes
au point G lors du contre-G8 a Annemasse en 2003.
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2127
retour
sommaire
Pourquoi
je ne voterai pas "non" à la Constitution
par Viktor
Dedaj.
1er mars 2005
Dieu sait si je m'étais pourtant promis de ne pas m'en mêler.
Dieu sait combien de fois je me suis répété "non,
Viktor, tiens toi à l'écart". Parfois ma main se
glissait subrepticement vers le clavier de mon ordinateur, l'air de
rien. Je faisais semblant de ne rien remarquer, juste pour voir de quoi
la fourbe était capable. En sifflotant un petit air de Silvio,
je regardais le plafond, ou mes doigts de pied, c'est selon.
Je la regarde s'emparer
silencieusement de la souris. Click sur l'icône de Word. Du coin
de l'oeil, je surveille les basses manoeuvres de celle qui a décidé
de me trahir.
A présent,
une page blanche s'affiche sur l'écran, comme un appel à
céder à la tentation. Je gémis "non, non,
je ne veux pas". Elle me susurre "kesstananafout' ? Tu te
dégonfles ?". Mais j'avais fais une promesse ! "Une
promesse ? A qui ?" ricane-t-elle. "Tu ne t'étais pas
promis aussi d'arrêter de fumer ?". Silence coupable. Je
baisse la tête, un peu honteux, un peu pour la garder dans mon
champ de vision. Ma main se détend afin de me permettre de reprendre
le contrôle. Elle sent qu'elle a gagné. Click en haut à
gauche. La main est sur le clavier, l'autre main finit par choisir son
camp et se joint à la félonie. Elles me défient.
Le putsch a réussi. Les premières lettres s'incrustent
comme à regret : "Pourquoi je ne voterai pas "non"...".
L'entrain dont je fais preuve n'a égal que celui ressenti lors
de la rédaction d'un testament. La Constitution Européenne
? Mon Dieu, comme tout ceci me paraît être d'une gaieté
folle.
* * * *
Bonjour les Européens,
Ca vous dirait une
bonne Constitution ? Je ne parle pas de votre santé, je parle
d'un texte rédigé par un cabale masqué de technocrates
décatis qui tentent désespérément d'entrer
dans l'Histoire par la petite porte des manuels scolaires : "La
première Constitution Européenne, rédigée
par les Pieds Nickelés, entra en vigueur en 2000 et quelques.
Ses auteurs sont appelés les Pères Fondateurs de l'Europe
Moderne". Ouaaaahhhh. C'est Giscard d'Estaing qui va être
content. Se faire virer comme président d'un pays comme la France
pour devenir le papa d'un kyrielle d'états touts neufs, ça
vous requinque une retraite morose, ça.
Il paraît
même que la Turquie pourrait faire partie de la famille adoptive.
Ca tombe bien, j'aime bien le café turque. Et, à tout
prendre, un état laïque de plus ne ferait pas de mal aux
rapports de forces au sein de l'Union. Mais il reste à la Turquie
de faire ses preuves. Normal, un club est un club et le membership n'a
plus de sens si on laisse entrer n'importe qui. Vous êtes priés
d'essuyer vos babouches avant d'entrer. Oui, je sais, la Constitution
et la Turquie n'ont rien à voir.
A vrai dire, les
plus convaincants dans ce "débat" sur la Constitution
ont été les partisans du "oui". Redoutables
débatteurs, leurs arguments m'ont profondément touché.
Leur côté visionnaire ferait passer Nostradamus pour un
météorologue. Et je ne me lasse pas de les reprendre.
"L'Europe a
besoin d'une Constitution". Ah ? Si vous le dites, d'accord.
"Donc, il faut
adopter cette Constitution". Ah bon ? On peut en discuter ?
"Le débat
est ouvert mais c'est à prendre ou à laisser. Petit détail
: si vous n'adoptez pas cette Constitution, il pleuvra pendant 40 jours
et 40 nuits, des nuages de sauterelles s'abattront sur vos champs de
maïs transgénique, un tsunami balayera vos côtes en
emportant vos meubles de jardin en plastique blanc et tous vos nains
de jardin. Vous serez obligés de dormir sous des tentes chauffées
au gaz naturel et de bouffer des rations alimentaires rassis que nous
renverront, hilares pour une fois, les pays du tiers monde. Fidel Castro
enverra une brigade de médecins cubains qui vous enfonceront
dans les fesses de grosses aiguilles rouillées datant de l'époque
soviétique. Condoleezza Rice jouera du piano lors d'une soirée
de solidarité organisée au Théatre du Rond Point
à Paris. Alors ?...."
Hum, ça mérite
réflexion. Mais je n'ai pas de nain de jardin. On peut en discuter
?
"Le débat
est ouvert mais c'est à laisser ou à prendre. Petit détail
: si vous ne prenez pas, l'Europe sera rebaptisée l'Atlantide
et votre tout nouveau système de navigation par satellite que
vous avez pris en option pour votre 4X4 ne vaudra plus rien - puisqu'il
n'y aura plus d'Europe ! Alors ?..."
J'ai pas de 4X4.
Alors, on en discute ou pas ?
"Le débat
est ouvert, mais c'est à prendre ou à prendre. Petit détail
: si vous ne prenez pas, Les Etats-Unis seront libres de tous leurs
mouvements, et des hordes d'évangélistes viendront endoctriner
vos enfants et vous vous retrouverez autour d'un feu de camp en train
des chanter les louanges du Christ sur des airs de Gospel. Vous serez
obligés de répéter le mot "liberté"
toutes les 30 secondes pour prouver votre attachement aux valeurs occidentales
qui nous lient. Alors ?..."
Ca nous changera
des Polonais avec leur Pape. C'est tentant. Cela dit, l'Europe, un contre-poids
aux Etats-Unis ? Dans combien de pays européens l'avortement
est-il encore interdit et combien participent ou ont participé
à la "coalition" illégale qui occupe l'Irak
? Soi-dit en passant, la Turquie a fait preuve d'un esprit bien plus
grand d'indépendance en refusant son territoire aux opérations
d'invasion. Et si on en discutait ? (Oui, je sais, la Constitution et
la Turquie n'ont rien à voir.)
"Le débat
est ouvert, mais l'affaire est close. Il faut adopter cette Constitution,
et uniquement celle-ci. On pourra toujours la modifier plus tard."
Ah bon ? Il m'a
toujours semblé plus facile d'adopter une Constitution (50% des
voix suffisent) que de la modifier. Pour la modifier, il faudra quoi
? Une majorité des trois-quarts ou l'unanimité ? Autant
dire qu'elle ne sera pas modifiée. Alors, on en discute avant
ou pas ?
"Le débat
est ouvert, mais l'affaire est dans le sac. Tout espoir de changer cette
Constitution est illusoire. Il y a 25 pays, et les forces progressistes
ne sont pas majoritaires. Il faut voter "oui". Alors ?..."
Etrange argument.
Il faut voter "pour" pour un truc pour lequel on serait "contre"
parce que voter "contre" n'apporterait rien. Et c'est un député
français (Jack Lang) qui a sorti cette énormité.
Question : à quoi occupe-t-il ses journées à l'Assemblée
Nationale, ce député socialiste, lorsque la droite propose
une loi avec laquelle il n'est pas d'accord ? Vote-t-il "pour"
juste parce que la gauche est minoritaire à l'Assemblée
?
"Bon, on peut
toujours faire mieux mais là il faut faire avec. L'important,
c'est d'avoir une Constitution, point barre. Cela dit, dépêchez-vous,
le débat reste ouvert jusqu'à 18 heures, sauf les dimanches
et les jours féries".
C'est comme si on
disait "l'important, c'est d'avoir une loi, bonne ou mauvaise".
Et si elle est mauvaise, faut l'avoir quand même ? Et si on en
discutait ?
"En discuter
? Mais comment, bon sang ? On peut pas discuter sur 450 articles, soyez
raisonnables... Alors ?..."
Non, mais on pourrait
proposer aux gens de choisir quelques directives. Après tout,
certains articles d'ordre "techniques" ne sont pas forcément
très "structurants" pour l'avenir. D'autres auront
un effet direct et concret. Je pense notamment aux questions des services
publics, de la laïcité, des choix économiques...
"Pour ça,
il faudrait organiser des référendums, t'imagines le boulot
? Laisse tomber. Alors ?..."
Ben justement, on
nous propose un référendum... Pourquoi pas deux ? On aurait
pu nous proposer des textes et laisser les gens choisir l'Europe qu'ils
auraient aimé voir. Peut-être que les Européens
n'auraient pas choisi le démantèlement des services publics
au profit d'une privatisation - par exemple. On ne nous demande pas
de choisir, mais de répondre "oui ou merde". Franchement,
quand on me pose une telle question, je choisis rarement "oui".
Alors, on en discute ?
Au delà du contenu même de cette Constitution, je note
surtout le "modus operandi" qui a entourée sa conception
et la conception de la politique qui s'en dégage. Une conception
qui va à l'encontre de pratiquement toutes les aspirations citoyennes
de tous les pays. Une conception qui prend totalement à contre-pied
tous les discours sur une politique "plus à l'écoute".
Une politique qui se résume à "nous savons... faites
nous confiance" et qui ne montre au fond qu'une seule chose : l'arrogance
et le mépris qu'ils ont pour nous.
Si je ne voterai
pas "contre" cette constitution, c'est pour une raison bien
simple : c'est que je ne suis pas ressortissant d'un pays de l'UE et
je ne peux donc pas voter. Il manquera donc une voix au camp de ceux
qui savent encore se tenir debout. J'en suis désolé.
Ils nous disent
qu'il faut un contrepoids aux Etats-Unis et tout ce qu'ils nous proposent
c'est une "américanisation" de l'Europe. Lorsqu'ils
nous auront fourgué leur Constitution libérale, bigote
et hypocrite, l'Union Européenne pourra s'appeler l'Empire Européen
et il ne nous restera plus qu'à élire un G.W. Bush version
Vieux Continent. Mon Dieu, comme tout ceci me paraît être
d'une gaieté folle.
Heureusement, il
nous reste encore la "liberté" de dire "non".
Et ça, c'est une belle leçon de démocratie que
NOUS leur donnerions, puisqu'ils en sont incapables.
Viktor Dedaj
"non, parce que pas oui"
février 2005
vdedaj@club-internet.fr
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2105
retour
sommaire
Le OUI socialiste
Pourquoi les socialistes
votent oui au traité constitutionnel ?
Le traité
constitutionnel est-il le plus progressiste des traités européens
? Oui !
Par rapport aux
traités antérieurs, tout ce qui est nouveau est positif
et il n'y a aucun recul à déplorer. Certes, le traité
n'est pas " idéal ", mais un traité européen
est toujours le fruit d'une négociation entre Etats membres.
Le traité constitutionnel a le soutien de l'unanimité
des partis socialistes et sociaux-démocrates européens,
comme le soutien de la Confédération européenne
des syndicats. Tous les syndicats des pays entrants votent pour le traité
car ils y voient un point d'appui pour faire avancer leurs droits sociaux.
Le traité
constitutionnel est-il le plus démocratique des traités
européens ? Oui !
Extension des pouvoirs
du Parlement européen. (co-législateur à égalité
avec le Conseil européen dans 80 domaines, pouvoirs budgétaires
égaux à ceux du Conseil).
Droit de contrôle sur les législations européennes
accordé aux parlements nationaux pour faire respecter les compétences
des Etats membres.
Election du président de la Commission par le Parlement européen
en fonction du résultat des élections européennes.
Responsabilité de l'euro est confiée à un gouvernement
économique et ne relève plus seulement de la Banque centrale
européenne.
Nomination d'un ministre européen des Affaires étrangères
qui exprimera la parole commune des Européens sur la scène
internationale.
Application de la majorité qualifiée dans 20 nouveaux
domaines.
Introduction de mécanismes de démocratie participative
avec le droit de pétition reconnu aux citoyens de l'Union pour
faire voter une loi européenne.
Le traité
constitutionnel est-il le plus social des traités européens
? Oui !
Force juridique
donnée à la Charte européenne des droits fondamentaux,
Reconnaissance des partenaires sociaux à travers l'instauration
d'un sommet social annuel pour la croissance et l'emploi,
Introduction, dans les objectifs de l'Union, de l'économie sociale
de marché, du plein emploi, du progrès et de la justice
sociale, de la lutte contre l'exclusion sociale, de l'égalité
femmes-hommes, du développement durable etc.
Institution d'une clause sociale qui garantira, y compris par les tribunaux,
une protection sociale adéquate, la lutte contre l'exclusion,
un niveau élevé d'éducation et de formation, la
protection de la santé.
Le traité
constitutionnel reconnaît-il les services publics ? Oui !
Pour la première
fois est reconnue une base juridique pour les services publics. Les
Etats membres pourront financer leurs services publics en dérogation
aux règles de la concurrence. La défense des services
publics, c'est d'abord une politique de l'Etat, un choix de solidarité
territoriale et un engagement budgétaire pour assurer leur présence.
Le traité
permettra-t-il une Europe plus forte face aux Etats-Unis ? Oui !
L'Europe s'est construite
d'abord autour d'un marché commun puis d'une monnaie unique.
Elle est une puissance économique incontestable ; elle n'est
pas une puissance politique. Son élargissement à 25 exige
de la doter de mécanismes de décisions plus clairs et
plus simples, au moment où la réélection de Bush
confirme la volonté des Etats-Unis de décider seuls du
sort du Monde. Dire " non " aujourd'hui, c'est paralyser durablement
la construction européenne et briser le lien qui nous unit à
la gauche européenne.
Le traité
constitutionnel donne-t-il la priorité à l'emploi ? Oui
!
Pour la première
fois, le plein emploi est un objectif clair et affiché. La "
Constitution européenne " crée, en face de la Banque
Centrale Européenne (BCE), un gouvernement économique
; le premier à se plaindre de cette évolution a été
Jean-Claude Trichet, gouverneur de la BCE. C'est bon signe... Les pays
non-membres de l'Euro ne pourront pas bloquer les initiatives des 12
de la zone Euro.
Le traité
constitutionnel reconnaît-il le caractère laïque de
l'Europe ? Oui !
Comme l'a confirmé
notre conseil constitutionnel, le traité autorise chaque Etat
à appliquer ses propres lois. La loi sur les signes religieux
à l'école ne pourra pas, par exemple, être remise
en cause. Le sort qui a été réservé récemment
au commissaire Butiglione témoigne bien de cet état d'esprit
et de cette vigilance des Européens.
Le traité
constitutionnel est-il révisable ? Oui !
Le traité
constitutionnel est un traité comme les autres. Du traité
de Rome au traité de Nice, c'est la règle de l'unanimité
qui s'est toujours appliquée. Jamais elle n'a empêché
l'Europe de progresser par bonds successifs.
Si le traité constitutionnel était repoussé, c'est
le traité de Nice qui s'appliquerait et c'est à l'unanimité
qu'il devrait être renégocié dans des conditions
bien plus défavorables.
Le traité constitutionnel introduit des dispositions nouvelles
qui rendront la révision plus facile que par le passé.
Le traité
constitutionnel permet-il de mener une politique de gauche ? Oui !
Les partisans du
" non " prétendent, à tort, que le traité
constitutionnel serait un " carcan " qui interdirait la conduite
d'une politique de gauche. Rien n'est plus faux. Pas une ligne, pas
un mot qui interdise à un gouvernement ou à l'Union européenne
de conduire une politique de gauche. Les gouvernements nationaux qui
ont le courage de conduire une politique de changement ne sont pas entravés
par l'Union européenne.
L'Europe n'a pas
empêché le gouvernement Jospin de voter la CMU, les 35
heures, l'APA, etc.
Demain, si la gauche
européenne remporte les élections, elle disposera, avec
ce traité, de plus de moyens pour agir.
Lisible sur : http://www.ouisocialiste.net/article.php3?id_article=368
retour
sommaire
Si
oui
si non
!
Le traité
constitutionnel ne contient que des avancées sur le plan social
et démocratique par rapport au traité existant.
Si le nouveau
traité n'est pas adopté
Avec le nouveau traité
" La charte
européenne des droits fondamentaux n'est qu'indicative. Elle
n'a pas de valeur contraignante pour les Etats membres. Les droits (par
ex : information et consultation des travailleurs dans l'entreprise)
qu'ignore notre propre constitution ne sont pas opposables juridiquement.
" La charte
européenne des droits fondamentaux est constitutionnalisée,
elle contient notamment : le droit de grève, le droit à
l'information et la consultation des travailleurs, la protection contre
les licenciements abusifs, le droit aux congés payés et
à une limitation de la durée maximale du travail
(partie
II)
" Pas de reconnaissance du rôle et de l'autonomie des partenaires
sociaux.
" Pas d'engagement en faveur du dialogue social européen
" Reconnaissance du rôle des partenaires sociaux et constitutionnalisation
du sommet social tripartite annuel pour la croissance et l'emploi (art
I-48)
" Pas de base juridique spécifique pour protéger
les services publics (Services d'intérêt économique
général) dont on reconnaît seulement la place et
le rôle dans l'Union. " Reconnaissance des services publics.
Création d'une base juridique permettant d'adopter une loi cadre
pour leur permettre d'accomplir leur mission de cohésion sociale
et territoriale (art (II-96 - III-122).
" Le plein emploi, le progrès et la justice sociale, la
diversité culturelle etc
ne figurent pas au titre des
objectifs de l'Union inscrits dans le Traité. L'Union demeure
basée sur l'objectif d'une concurrence non faussée, comme
c'est le cas depuis le traité de Rome en 1957. " Les objectifs
de l'Union incluent désormais :
- le plein emploi,
- le progrès et la justice sociale,
- le combat contre l'exclusion sociale,
- la lutte contre les discriminations,
- l'égalité entre les femmes et les hommes,
- la cohésion territoriale,
- le développement durable,
- la diversité culturelle et linguistique,
- la paix, la solidarité entre les peuples
" Les mesures législatives et réglementaires contraires
aux objectifs de promotion d'un niveau d'emploi élevé,
à la garantie d'une protection sociale adéquate, à
la lutte contre l'exclusion ainsi qu'à un niveau élevé
d'éducation, de formation de protection de la santé humaine
ne pourront être annulées par la Cour de Justice de l'Union
européenne. " Instauration d'une clause sociale horizontale
(art III-117). Désormais dans l'ensemble de ses politiques et
actions, l'Union doit prendre en compte " les exigences liées
à la promotion d'un niveau d'emploi élevé, à
la garantie d'une protection sociale adéquate, à la lutte
contre l'exclusion sociale ainsi qu'à un niveau élevé
d'éducation, de formation et de protection de la santé
humaine ".
Si le nouveau traité n'est pas adopté
Avec le nouveau traité
" La règle
de l'unanimité demeure, notamment pour la gouvernance économique
et l'Union Economique et Monétaire, la justice et les affaires
intérieures, le budget européen, les accords commerciaux,
l'agriculture, propriété intellectuelle, les sanctions
financières contre les personnes ou les groupes criminels, ou
l'énergie
" Extension
du champ d'application de la majorité qualifiée à
une vingtaine de nouveaux domaines parmi lesquels :
- la justice et les affaires intérieures (III-262-265-266-270-271-272-276)
- l'agriculture (III-230-231)
- les sanctions financières contre les personnes ou les groupes
criminels (III-160)
- l'énergie (III -256)
- certains aspects de la Politique Etrangère et Sécurité
Commune - (art. III - 300.2)
" Parlement européen
Le Parlement européen n'est co-législateur avec le Conseil
que dans 37 domaines. Le Conseil conserve le dernier mot en matière
de " dépenses obligatoires ". " Le Parlement européen
:
- devient co-législateur à égalité avec
le Conseil dans 80 domaines
- étend ses pouvoirs budgétaires et obtient un droit de
décision égal à celui du Conseil dans ce domaine
(art III -404)
- élit le Président de la Commission, qui est désigné
par le Conseil en fonction du résultat des élections européennes.
Si le Parlement rejette le candidat, le Conseil dispose d'un mois pour
en proposer un nouveau (I-27)
" L'information des Parlements nationaux continue de dépendre
de leur gouvernement respectif. Pour la révision des traités,
les Parlements nationaux ne sont éventuellement associés
qu'au stade de la ratification. " Les Parlements nationaux obtiennent
:
. Un droit de contrôle sur les législations européennes
pour faire respecter les compétences respectives des Etats membres
et de l'Union Européenne.
. La reconnaissance de leur rôle dans les procédures de
révision future de la Constitution par la prorogation de la méthode
de la Convention (IV- 443).
" La Présidence du Conseil tourne mécaniquement tous
les six mois. Chaque Etat préside l'Union tous les 12,5 ans,
il ne reflète pas la majorité politique des Etats. "
Le Président du Conseil européen est élu pour 2
ans et demi à la majorité qualifiée par le Conseil,
c'est le moyen d'assurer une stabilité nouvelle.
" La Présidence de la Commission est le résultat
d'une négociation entre Etats.
" Les nominations des commissaires sont le fruit d'une tractation
diplomatique. La logique majoritaire n'est pas la règle. "
Le Président de la Commission est désigné par le
Conseil puis élu par le Parlement européen en fonction
du résultat des élections européennes.
" Le président de la Commission nomme et révoque
ses commissaires.
" La présidence tournante du Conseil des Ministres est assurée
par un Etat membre tous les six mois. " Conseil des ministres :
La présidence tournante est assurée par groupe de 3 Etats
(rotation tous les 18 mois.). L'eurogroupe qui rassemble les ministres
des Finances de la zone euro est reconnu et se dote d'un Président
stable pour deux ans et demi. La responsabilité de l'euro devient
aussi politique et ne relève plus uniquement de la Banque Centrale.
" Majorité qualifiée : mécanisme de triple
majorité conduisant irrémédiablement à la
paralysie de l'Union (74% des voix pour obtenir une décision
: pondération Etat / voix au Conseil / population). " Mécanisme
de double majorité
(au moins 55% des Etats représentant 65% de la population) (art-25).
Les minorités de blocage sont plus difficiles à constituer.
" Pour les Affaires Etrangères de l'Europe : maintien d'un
binôme avec d'un côté un Haut Représentant
pour la PESC et de l'autre un commissaire chargé des relations
extérieures au sein de la Commission. " Création
d'un Ministre européen des Affaires Etrangères permettant
l'expression d'une parole commune des Européens sur la scène
internationale (nommé par le Conseil Européen).
Si le nouveau traité
n'est pas adopté
Avec
le nouveau traité
" Aucun mécanisme de démocratie participative n'est
prévu. " Création d'un droit d'initiative populaire
qui permet à un million de citoyens de l'Union d'inciter la Commission
à soumettre une proposition législative (I-47)
" L'unanimité est requise pour autoriser la mise en place
d'une coopération renforcée (possibilité ouverte
de créer une avant-garde à ceux qui veulent aller plus
vite et plus loin sur certains sujets). " Possibilité de
coopérations renforcées facilitée et étendue
à tous les domaines (peuvent être autorisées par
le Conseil à la majorité qualifiée si elles réunissent
un tiers des Etats membres).
" La constitution d'une avant-garde devient possible.
" Pour réviser le traité de Nice L'unanimité
des gouvernements et les ratifications nationales sont requises (par
la voie parlementaire ou référendaire).
" Les révisions sont négociées entre Etats,
aucune Convention (composée de parlementaires nationaux, européens
et de représentants des Etats) n'est convoquée pour une
procédure de révision. Pour mémoire, le contenu
du traité de Nice est infiniment moins satisfaisant que celui
du traité constitutionnel de Bruxelles. Pourtant à Nice
la négociation s'effectuait à 15 et à Bruxelles
à 25. La différence ? Le travail préparatoire de
la Convention. " Procédure de révision
assouplie: l'unanimité est requise comme pour tous les traités
antérieurs mais introduction de dispositions nouvelles - art
IV - 443 et 444 :
- Pouvoir d'initiative conféré au Parlement européen
- Possibilité de passer à la majorité qualifiée
sans passer par une révision constitutionnelle générale
(" clause passerelle ")
- Le recours à la Convention (organe composé de parlementaires
nationaux, européens et de représentants des Etats) est
pérennisé pour les révisions ultérieures.
http://www.ouisocialiste.net/article.php3?id_article=29
retour
sommaire
Pour en savoir
plus
% ATTAC Isère : http://www.local.attac.org/attac38/europe.html
" Dans électeur il y a lecteur "
La constitution européenne dans le texte
Téléchargez le document en .PDF : http://www.pourmoicestnon.com/images/lisez.pdf
" Il faut lire le projet de constitution européenne "
par Robert Joumard / 12 janvier 2005
Lisible sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2081
Le " traité constitutionnel ", clé de voûte
d'une construction méthodique, la constitutionnalisation du capitalisme
par Yves Bonin.
15 février 2005
Lisible sur : http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2083
" Le vrai / Le faux sur le Traité constitutionnel "
Arguments pour le oui sur www.ouisocialiste.net
|